La jeune conseillère
agricole tuée dans une ferme aveyronnaise est morte noyée, selon les
résultats de l'autopsie publiés jeudi, mais les motivations du suspect
toujours en garde à vue restent mystérieuses.
"L'autopsie a confirmé la mort par noyade", a indiqué à un
correspondant de l'AFP le procureur de la République, Yves Delpérié. Le
magistrat n'a pas donné plus de précisions, renvoyant au parquet de
Montpellier désormais chargé du dossier, en l'absence de pôle
d'instruction criminelle dans la préfecture de l'Aveyron.Mercredi tôt dans la matinée, Elodie Bonnefille, 26 ans, technicienne de la chambre d'agriculture en mission sanitaire de routine à la ferme laitière de Mayran, à une vingtaine de kilomètres de Rodez, était "agressée", "trainée et tuée" et son corps jeté dans un étang, avait indiqué M. Delpérié, lors d'une conférence de presse mercredi soir à Rodez.
Le procureur avait fait état d'ecchymoses sur le corps de la jeune femme mais pas de nature à ce qu'elles puissent avoir entraîné la mort, laissant donc à penser que le décès était dû à une noyade.
Un suspect, l'un des deux frères gérant cette exploitation familiale, Xavier Espinasse, 47 ans, a été interpellé et placé en garde à vue. Mais il n'a donné "aucune raison de son geste" et ses "motivations sont extrêmement floues", avait précisé le procureur.
Le procureur de Montpellier, où doit se poursuivre l'enquête criminelle, tiendra un point-presse sur cette affaire vendredi à 9H45. Il pourrait dévoiler les résultats d'une expertise psychiatrique, effectuée ce jeudi sur le suspect interpellé, et dont la garde à vue a été prolongée jusqu'à vendredi vers 08H00.
Il pourrait être déféré à ce moment-là à Montpellier en vue d'une possible mise en examen, a-t-on précisé de sources proches du dossier.
- "Dépressif depuis le décès de la mère" -
D'anciens camarades, cités dans la presse régionale, qualifient la victime, blonde aux yeux clairs, de "très bonne copine" et de "studieuse, très bonne élève, mais aussi gaie et enjouée".
A la Chambre d'agriculture où elle travaillait avec cinq autres techniciens, on dit qu'elle était "dynamique et motivée par son engagement". Ses collègues affirment leur "totale incompréhension" du crime.
La famille de cette ferme productrice de lait et de viande dans le lieu-dit "Les Farguettes", partie de la commune de 600 habitants de Mayran, est connue des villageois.
Les deux frères vivaient seuls "enfermés" avec leur père de 78 ans, dont ils avaient repris l'exploitation, a rapporté à l'AFP un voisin, Gilbert Pouget. Ce dernier avait employé Xavier Espinasse pendant une dizaine d'années comme saisonnier dans son entreprise de construction.
"Ce sont deux frères qui
s'engueulent tout le temps (...) ils ne sortent que pour la traite des
bêtes", a-t-il expliqué. Xavier "a dû péter un câble", il est "dépressif
depuis le décès de sa mère, a ajouté M. Pouget, pas "étonné" par le
drame.
"Ce n'est pas un problème d'argent", a encore déclaré l'entrepreneur.
"Ici, la plupart des agriculteurs ont des emprunts, eux, ils payent
toujours cash" pour leurs dépenses (tracteurs et autres), a-t-il ajouté.Le maire de Mayran, Yves Mazars, agriculteur retraité et voisin de la ferme, "ne pense pas non plus que les frères Espinasse avaient des problèmes d'argent".
Lui les décrit plutôt comme une "famille très vaillante et tranquille".
Après le drame, une motivation liée à la crise agricole avait été rapidement écartée par les enquêteurs. Les agriculteurs multiplient depuis des semaines les actions pour dénoncer la faiblesse des cours de leurs productions.
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