FOCUS - De campagnes-choc en happenings,
l'organisation de défense des animaux à l'origine d'une nouvelle vidéo
d'abattoir est passée du statut de petit mouvement tendance ultra à
celui d'organisme lanceur d'alerte, en se faisant un nom auprès du grand
public.
À l'origine, l'organisation est née d'un mouvement rassemblant une dizaine de militants déterminés à mettre fin au gavage des canards: Stop Gavage, lancée en 2003. Les bénévoles y mènent des actions de sensibilisation en arborant des photos choc de gavage industriel devant de grands hôtels et restaurants. Dès 2004, la campagne a recours à la diffusion d'images obtenues dans des industries afin de sensibiliser les consommateurs.
En 2008, les militants fondent l'association L214, à laquelle Stop Gavage est intégré. Ce nom intrigant fait référence à l'article L214-1 du Code rural, premier texte de loi à désigner tout animal comme «un être sensible» dont les «impératifs biologiques» doivent être pris en compte. Un mot d'ordre emblématique de la finalité de l'association, dont la cause dépasse la question des abattoirs, qui est surtout transitoire: L214 encourage, dans l'idéal, à «se passer de produits d'origine animale». Nombre de ses militants sont d'ailleurs adeptes du végétarisme ou du veganisme (qui exclut toute consommation de produits issus de l'animal).
Plusieurs faits d'armes
C'est toutefois en octobre dernier que l'association s'est imposée dans l'univers médiatique, avec la diffusion de la vidéo montrant de graves manquements à l'abattoir d'Alès, dans le Gard. Les images donnent lieu à la fermeture administrative immédiate de l'établissement (qui a rouvert en décembre) et le clip «Abattoir made in France», sous-titré en anglais, a atteint 1,6 million de vues. «Il y a eu un avant et un après Alès», confirme au Figaro Sébastien Arsac, fondateur et porte-parole. Le nombre de sympathisants a encore grimpé -l'association compte 10.000 adhérents et leur page Facebook affiche plus de 430.000 abonnés - et le ministère de l'Agriculture a adressé une lettre à l'association pour l'assurer de son action.
L'évolution du nombre de recherches des termes «L214» et «association L214» sur Google depuis 2008 montre un pic en octobre dernier:
«Nos actions sont extrêmes par rapport à la situation aujourd'hui»
Ces réussites n'empêchent pas les critiques, y compris de la part d'autres organisations militantes. Les méthodes de collecte des images sont controversées, tout comme le caractère très médiatique des opérations, dont l'effet dans la durée serait limité. «C'est un électrochoc», reconnaît Sébastien Arsac. «Ça déclenche un pic, donc par définition, après ça retombe un peu. Mais ces images laissent des traces vraiment durables», assure-t-il, considérant que toute évolution sur la question passe par l'interpellation de l'opinion publique.Le porte-parole souligne également que d'autres actions existent pour alimenter les débats sur le fond. L'an dernier, L214 a organisé une conférence à Paris pour les «30 ans de la libération animale» en présence de Matthieu Ricard, Peter Singer et Aymeric Caron. L'association alimente également des plates-formes d'information sur l'industrie animale et les alternatives à la consommation de viande.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire