mercredi 3 juillet 2013

TRES MAUVAISE NOUVELLE POUR LES VACHES ET LES VEAUX FRANCAIS... QUELLE TRISTESSE....

 
À Isigny Sainte-Mère, l'appétit des bébés chinois pour le lait en poudre «made in France» est une bénédiction. À tel point que la coopérative normande a dû faire construire une nouvelle usine. Les premiers coups de pioche ont été donnés mercredi. En 2015, environ 15 millions de boîtes de lait en poudre quitteront le port du Havre en direction de Shanghaï pour être vendues sur l'ensemble du territoire, dans les «baby shops» comme dans les pharmacies et supermarchés.
Alliée depuis deux ans à l'entreprise chinoise Biostime, n° 7 du secteur, cotée à Hongkong, la coopérative normande - qui réalise 250 millions d'euros de chiffre d'affaires (50 % en poudre de lait, 50 % en beurre, crème et fromage) - accélère ainsi son développement. «Nous voulons être en mesure de répondre aux besoins croissants du marché chinois», explique Daniel Delahaye, directeur général d'Isigny Sainte-Mer. La construction d'une nouvelle usine permettra de doubler ses capacités de production de lait infantile à 50 000 tonnes, dont un tiers à destination de l'empire du Milieu. Isigny, qui fabrique et conditionne les laits, fournit au Chinois les formules les plus sophistiquées (lait anti-régurgitation, facilitant la digestion…). Le contrat signé mercredi les lie pour au moins quinze ans.

«Made in France»

Le nouveau bâtiment représente un investissement de 50 millions d'euros qui sera financé à 60 % par la coopérative et à 20 % par Biostime, soit 17,5 millions d'euros en obligations non convertibles et 2,5 millions d'euros en capital (qui représentent 20 % du capital de la coopérative). Un moyen pour le chinois, qui occupera un siège au conseil, de sécuriser ses sources d'approvisionnement en produits finis de qualité. Biostime dispose d'une filiale en France spécialisée dans la R & D et le contrôle qualité qui emploie cinq personnes.
Dans un pays traumatisé par les scandales alimentaires, dont celui du lait à la mélamine en 2008, l'origine européenne du lait est un gage de traçabilité et de qualité. La mention «fabriqué en France» figure en évidence sur les emballages de lait en poudre de Biostime. Une sécurité payée au prix fort en Chine: la boîte de lait occidentale est vendue environ 40 euros. Signe de la paranoïa ambiante, les fabricants étrangers de lait infantile (Nestlé, Abbott, Mead Johnson, Danone, Wyeth) - qui représentent désormais près de la moitié des ventes en Chine - font l'objet depuis le début de la semaine d'une enquête des autorités locales pour entraves aux règles de la concurrence…
Depuis dix ans, Isigny a pris le pari d'accélérer son développement à l'international, qui représente aujourd'hui 42 % de ses ventes, afin de compenser la faiblesse de la croissance en Europe. Ses beurres, crèmes et fromages sont vendus à 40 % hors de ses frontières aux États-Unis, au Brésil, au Japon ou encore en Chine depuis deux ans. Quant aux poudres de lait, 70 % de leurs ventes proviennent de l'export avec l'Asie (Cambodge, Vietnam, Taïwan…), l'Europe et le Moyen-Orient dans le trio de tête. «Cela représente autant de moyens de valoriser la production de nos 683 adhérents dans la perspective de la fin des quotas laitiers en 2015, en leur apportant une visibilité à long terme, ajoute Daniel Delahaye, qui prospecte aussi en Russie et en Amérique du Sud. D'ici dix-huit mois, une vache sur deux donnera son lait pour l'export.»

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