samedi 16 avril 2016

DISSECTION...POUR LES ELEVESE... DIRE NON EST POSSIBLE SANS SANCTIONS


La souris est de retour sur la paillasse des collégiens et des lycéens. Peu d’élèves le savent : ils peuvent s’opposer à la dissection des animaux sans être sanctionnés.
Interdite en novembre 2014 par le ministère de l’Education nationale, la dissection des souris dans les cours de sciences et vie de la terre (SVT) au collège et au lycée est à nouveau autorisée depuis le 12 avril. Le SNES-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire, a en effet obtenu gain de cause devant le conseil d’Etat. La plus haute juridiction administrative a jugé que le ministère s’est appuyé sur une « mauvaise interprétation du droit européen ». La directive 2010/63/UE est pourtant claire : elle impose la réduction du nombre d’animaux voués à l’expérimentation et de les remplacer lorsque des alternatives existent. Mais, selon Valérie Sipahimalani, professeur de SVT et secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, « les textes européens encadrent l’expérimentation animale, pas la dissection. Dans l’enseignement secondaire, elle s’effectue, entre autres, sur des souris d’élevage qui arrivent congelées. Il n’y a pas d’élevage, ni de mise à mort dans les établissements.»
Victime des aberrations législatives, la souris pourra donc de nouveau se faire scalper sur les paillasses scolaires. Tout comme les cœurs de veau, de porc, les poissons, les cailles ; tous les vertébrés et céphalopodes « faisant l’objet d’une commercialisation destinée à l’alimentation » et qui, eux, n’ont jamais été interdits car considérés comme de simples outils à disposition… « Manipuler des animaux élevés puis tués dans le simple but d'une manipulation en classe banalise l'acte de tuer un animal, explique le comité scientifique Pro Anima. Cela provoque l'indifférence face au monde vivant et représente un danger dans la construction mentale du jeune ».

Les méthodes alternatives à la dissection existent

Comme le rappelle Antidote Europe, « les alternatives à la dissection existent : maquettes, logiciels éducatifs, vidéos… Il y a le choix ». Alors pourquoi persévérer ? Les enseignants n’aiment pas lâcher leurs vieilles habitudes. « La dissection est le seul moyen de faire passer des concepts sur l’organisation et la structure du vivant, défend Serge Lacassie, président de l’Association des Professeurs de Biologie et Géologie(APBG). Les maquettes de vertébrés ressemblent à des jouets, les organes sont séparés les uns des autres. C’est du gros puzzle. Les sites de dissection virtuels sont intéressants. On les a utilisés jusqu’à présent, faute de mieux. Mais la relation à l’objet est fondamentale. On veut conserver un enseignement naturaliste. »
« Lorsque l’interdiction a été émise en 2014, il n’y a eu aucun débat, regrette Valérie Sipahimalani. Nous nous sommes retrouvés avec des stocks de souris dans les congélateurs, l’administration n’a jamais été capable de nous dire officiellement ce qu’il fallait en faire. Certains collègues ont pris le parti de les utiliser, d’autres les ont conservés. La dissection est un choix de l’enseignant, tous ne la pratiquent pas. On ne peut comprendre les choses qu’en les pratiquant… mais je comprends que cela puisse choquer car il y a un vrai paradoxe : on sacrifie un animal pour apprendre à le respecter. »
Parents et élèves ont-ils le droit de s’opposer à cette pratique douteuse et rétrograde ? « Oui », répondent en choeur Serge Lacassie et Valérie Sipahimalani. « A ma connaissance, aucun de mes collègues n’a jamais forcé un élève à faire une dissection s’il ne le souhaitait pas, dit le président de l’APBG. L’enseignant prend en compte l’avis de l’élève. Il peut aller au CDI en attendant ou rester dans le fond de la classe et on lui fait faire autre chose. Dans les anciens programmes, au niveau du bac scientifique, si un élève tirait au sort le sujet dissection, il pouvait le refuser. Les circulaires de l’Education Nationale étaient très claires. » Même son de cloche du côté de la secrétaire générale adjointe du SNES-FSU qui promet : « Il n’y aura pas de sanction. » Mais qu’importe, en réalité. Récolter un zéro pointé pour un acte de désobéissance pacifique peut faire la plus belle des fiertés.
Dissection d'un humain synthétique d'un réalisme hallucinant
Toute reproduction interdite
À lire également

Aucun commentaire: