"On
a vu passer ton chien, les policiers ont dû le mettre dans leur
camion": une telle phrase ne peut que glacer le sang du maître d'un
chien en fugue en Tunisie.
Depuis
quelques mois, les autorités locales ont lancé une campagne d'abattage.
Censée concerner les animaux errants pour lutter contre la rage, cette
chasse à balle réelle dépasse les limites, dénoncent les militants de la
cause animale.
Yasmine
Mbarki en tremble encore: "Je donnais à manger aux chiens de mon
quartier, lorsqu'un policier est arrivé. Il m'a dit de m'éloigner d'une
petite chienne de 6-7 mois pour la tuer. J'ai refusé. Il a tiré sur un
autre, pas très loin." Présent ce jour-là, le bébé de Yasmine, 5 mois,
éclate désormais en sanglots au moindre bruit.
"Ils
ont jeté le corps dans le camion, il y en avait déjà une dizaine
dedans", poursuit la jeune femme qui estime que les agents viennent tuer
des chiens dans son quartier de Mnihla 4 à 5 fois par semaine depuis
février.
Sur
Facebook, les pages dédiées à la protection des animaux en Tunisie sont
remplies d'images de victimes à quatre pattes. On y voit des chiots
tentant de téter leur mère déjà morte, un chien agonisant ou encore un
homme tirer sur un animal.Vétérinaire, Amel Ben Houidi a soigné quelques
chiens blessés par balle: "C'est des cas d'amputations ou des chiens
dont le corps est percé par des balles de plomb normalement faites pour
chasser."
"Ce n'est pas normal d'abandonner les cadavres"
Justement,
Kamel Rodana a été le président de l'association régionale des
chasseurs de Bizerte. En 2009 après qu'une touriste ait été mordue, la
municipalité fait appel à son association pour tuer les chiens errants.
"Nous
étions accompagnés d'un policier et d'un agent de la municipalité. On
nous donnait 5 dinars par cadavre." Le chasseur, qui ne participe plus à
ces "battues", est choqué par la façon dont elles sont menées
aujourd'hui: "Ce n'est pas normal de faire cela en journée, de tuer des
chiens de race ou d'abandonner les cadavres."
Face
à la levée de boucliers des défenseurs des animaux - une première
manifestation a eu lieu le 29 mai, une seconde doit avoir lieu ce samedi
4 juin-, Samira Laabidi, directrice de l'environnement au sein du
ministère des Affaires locales, a dû monter au créneau. A la radio
nationale Mosaïque FM, elle a parlé d'un "mal nécessaire" tout en
affirmant que d'autres solutions étaient discutées.
Des
messages parviennent d'ailleurs déjà du monde entier. Certains se
prennent en photo avec une pancarte indiquant: "On ne viendra plus en
Tunisie, si vous n'arrêtez pas de tuer les chiens errants." Cyrine s'en
inquiète: "Notre pays fait déjà face à de nombreux problèmes. L'opinion
publique va se retourner contre nous."
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