mercredi 9 mars 2016

BRAVO, ENFIN UN POLITIQUE POUR LES ANIMAUX

Marine Le Pen lançait ce lundi le dernier-né de ses collectifs thématiques, Belaud-Argos, dédié au bien-être des animaux. Une thématique pas si inattendue que cela au FN.

En passer par les animaux pour s'humaniser. Tel est le paradoxe anthropologique qu'a choisi Marine Le Pen ce lundi en assistant au lancement d'un nouveau collectif thématique, censé plancher sur ses propositions pour 2017, consacré à la protection animale. Doté d'un logo, tricolore comme il se doit, représentant un chat et un chien, le collectif Belaud-Argos (du nom du chat de Joachim du Bellay et du chien d'Ulysse) sera animé par le cercle proche de Sophie Montel, eurodéputée FN et heureuse maîtresse d'un whippet, d'un lapin nain, d'un géant des Flandres et de cinq chats.
Une passion commune avec Marine Le Pen qui, elle, possède six félins qu'elle n'hésite pas, lorsqu'ils échappent aux crocs des chiens de son père, à mettre en scène sur son nouveau blog. Car, on le sait depuis le second tour des régionales, la présidente du FN entend s'affranchir de son image trop agressive, trop clivante, qui l'empêche, selon elle, de recueillir pour l'instant une majorité de suffrages sur son nom. La cause animale, réelle appétence chez Marine Le Pen, présente justement l'avantage d'être une thématique nouvelle dans le champ politique, d'apparence consensuelle et bien moins anxiogène que l'immigration. 

Non à l'abattage rituel et aux "fermes-usines" du libéralisme

Dans la France "apaisée et prospère", nouveau gimmick mariniste, "on ne déshumanise pas l'homme, on ne désanimalise pas les animaux", résume à la façon la présidente du Front national. Devant les journalistes, elle prend un plaisir certain à déclamer du Du Bellay, du Lamartine et même du Gandhi, selon qui "on reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux". Mais bien sûr, qui dit protection animale dit haro sur l'abattage rituel. Une vieille revendication du FN puisque "l'interdiction des animaux destinés à la consommation sans étourdissement préalable" fait d'ores et déjà partie du programme du parti.
Si défendre les animaux permet aussi de se battre contre la nourriture halal ou casher, la cause est déclinable à l'infini. Et Marine Le Pen de dénoncer "la logique néo-libérale, la seule que connaisse Bruxelles" en parlant des "fermes-usines" de l'agriculture intensive. Ou Sophie Montel de dénoncer le traité transatlantique de libre-échange (Tafta), bête noire du FN, qui permettrait l'import massif de cuir. D'où plusieurs propositions où protection animale se marie au patriotisme économique comme l'interdiction d'importer du cuir de chien de Chine. "Les élus FN commencent à être connus dans les milieux de défense des animaux", se réjouit Sophie Montel, membre de l'intergroupe de défense des animaux au Parlement européen. En tout cas de certaines associations. La députée européenne s'est empressée par exemple de publier sur Twitter la lettre de soutien de Brigitte Bardot, présidente de la Fondation éponyme.

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