SUSPENSE..
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AGRICULTURE - Le préfet de la Somme a demandé au promoteur de détruire les bâtiments construits illégalement…
Satisfaits : les représentants de l’association Novissen et de la Confédération paysanne reçus ce jeudi au ministère de l'Egalité des territoires et du Logement en sont sortis avec le sourire. Dans leur lutte contre le projet de ferme des «mille vaches» dans la Somme, Cécile Duflot vient de leur donner un coup de main en donnant «un coup de pied» à Ramery, l’entrepreneur à l’origine du projet : ce dernier a reçu ordre du préfet de détruire tous les bâtiments construits illégalement.>> Tout comprendre sur le projet de ferme des mille vaches avec notre chronologie interactive
«Les services du préfet ont constaté des infractions au permis de construire et ont donc demandé à Ramery de détruire les ouvrages illégaux, notamment ceux qui sont sur une zone présentant un intérêt archéologique», explique Grégoire Frison, avocat de Novissen. Au total, environ un dixième des bâtiments devront être démolis. «C’est un signe important de la part de l’Etat : Ramery n’est pas au-dessus des lois», se félicite Grégoire Frison.
Les ministères se repassent le dossier
Toutefois, la lutte contre le projet est loin d’être terminée. Si les mobilisations de la fin d’année 2013 ont poussé le dossier sur le bureau des ministères, la question du modèle de développement agricole et de l’usage de la méthanisation se pose : «Est-ce qu’on veut que les produits alimentaires deviennent des sous-produits de l’énergie ? », questionne Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, qui espère pouvoir porter ce débat chez Stéphane Le Foll. Mais au ministère de l’Agriculture, on a relégué le dossier des mille vaches aux collègues de l’Ecologie sous prétexte qu’il s’agit d’une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE).
«Stéphane Le Foll a toujours été un peu fuyant sur le dossier, reconnaît la députée écologiste de la Somme Barbara Pompili. Il promeut l’agro-écologie mais lorsqu’il est au pied du mur, que la question d’interdire ou non ces exploitations industrielles se pose, il recule.» Le dossier échoit donc à Philippe Martin, qui doit recevoir les associations le 30 janvier. «On a vu l’échec social et environnemental de l’élevage intensif en Bretagne, s’indigne Michel Kfoury, président de l’association de voisins de la ferme, Novissen. Ils veulent faire pareil à moins de 12km de la baie de Somme, une réserve naturelle qui pourrait être envahie par 1.500 litres de nitrates chaque année».
Industrie contre paysans
«La bataille continue également à l’Assemblée pour que la législation ne permette plus ces fermes, explique Barbara Pompili. Nous sommes favorables à la méthanisation quand elle est faite pour gérer les déchets d’une ferme, pas quand on crée un méthaniseur et une ferme autour pour l’alimenter.» Les débats au Parlement sur la loi d’avenir pour l’agriculture pourraient permettre de nouvelles avancées mais la mobilisation de terrain reste primordiale, estime la députée EELV : «Je suis heureuse que des éleveurs se sont joints à la manifestation du 16 janvier. Plus il y aura de gens du monde agricole mobilisés, mieux ce sera.»
Vincent Chombard, porte-parole de la Confédération paysanne de la Somme, estime que la ferme des mille vaches aurait un effet désastreux sur l’agriculture locale : «Ramery vendrait le lait à 270 euros la tonne. Les paysans ne font déjà pas de bénéfices à 300 euros, donc beaucoup risquent de baisser les bras.»
Alors que la région Picardie a «clairement fait le choix d’aider les petites exploitations», François Veillerette, vice-président au conseil régional en charge de l’environnement, de l’alimentation et de la santé, redoute que le projet ne signe la fin des petits paysans. Une question qui sera certainement soulevée par les associations lors du salon de l’Agriculture en février. «Une telle ferme n’a pas du tout une visée de développement agricole, c’est un projet industriel et Ramery ne s’en cache pas. Mais si tous les acteurs se mobilisent, Ramery peut aussi, en tant qu’industriel soucieux de rentabilité, décider d’arrêter les frais», estime Barbara Pompili.
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