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LE CERCLE. par Léopoldine Charbonneaux - Ces 60 dernières années, l’agriculture s’est intensifiée imposant un nouveau système d’élevage, axé uniquement sur la maximisation de la productivité à court terme.
Chaque année, ce sont plus de 65 milliards d’animaux qui sont élevés pour être abattus dans le monde. En Europe, plus de 80% sont issus de systèmes intensifs où ils sont confinés, entassés et où la prise en compte de leur besoins comportementaux est très limitée voire inexistante.Ce phénomène, accentué par l’accroissement de la population mondiale, a permis de produire en grandes quantités tout en réduisant – en apparence - les coûts. Les produits laitiers, les œufs et la viande bon marché issus de ce modèle d’élevage représentent en réalité un coût très élevé pour les animaux, mais également pour les hommes et la planète. L’élevage intensif a des nombreux impacts négatifs au-delà du bien-être animal: émissions de gaz à effet de serre, pollution, changement climatique, santé publique et contribution à l’antibiorésistance, création d’inégalités alimentaires, etc.
Le récent scandale de la viande de cheval a mis en lumière la mauvaise information des consommateurs et fait émerger les questions d’étiquetage et de traçabilité des aliments. Il révèle au grand jour la vraie nature d’un système de production de viande « bon marché ». On ne sait tout simplement plus ce que l’on mange !
La fraude et les problèmes de traçabilité ne sont qu’une partie visible de l’iceberg : l’ampleur et la complexité de notre système alimentaire sont porteurs de risques et de déresponsabilisation des acteurs – ce qui est probablement mauvais pour les consommateurs, et très certainement mauvais pour les animaux.
Afin d’enrayer les problèmes issus de ces systèmes de production, il faut plus de transparence dans la chaine alimentaire. Pour cela, nous avons besoin d’un étiquetage qui révèle toute la vérité sur ce que contient notre alimentation, et comment elle a été produite. En pleine connaissance, les consommateurs peuvent faire des choix éclairés, et privilégier les produits issus de systèmes de productions plus durables et plus respectueux des animaux.
Notre ONG dédiée au bien-être des animaux d’élevage mène donc actuellement une campagne « Question d’étiquette » pour la mise en place d’un étiquetage obligatoire des produits d’origine animale en fonction des modes d’élevage.
En effet, le consommateur, très demandeur de transparence, et non uniquement de traçabilité, pourra choisir en connaissance de cause. Dans la lignée des codes pour les œufs (de 0 à 3 - plein air bio, plein air, au sol et en cage) l’objectif est de faire évoluer les normes de l’UE et, au-delà de l’origine des produits, de permettre de répondre à la question que tout le monde se pose : de quel type d’élevage est issu ce produit animal ?
Non seulement cet étiquetage simple permet une meilleure information du consommateur, mais aussi d’encourager les éleveurs en leur assurant des débouchés sur le long terme avec un critère différenciant et valorisant leur production plus engagée.
L’augmentation considérable des ventes d’œufs de poules élevées hors cage depuis l'introduction de cette réglementation sur l’étiquetage suggère que les consommateurs réagissent positivement à cette mise à disposition claire d’information. Etendues à tous les produits d’origine animale, ces normes d’étiquetage permettraient aux producteurs de valoriser leurs efforts dans des systèmes de production plus respectueux du bien-être animal.
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