Il est temps, alerte le
moine bouddhiste tibétain Matthieu Ricard, de repenser notre
concitoyenneté avec les animaux que nous exploitons et massacrons sans
raison morale valable. Un travail qui commence par la reconnaissance de
leur individualité.
Docteur en génétique cellulaire et moine bouddhiste tibétain, Matthieu Ricard vient de publier
Un demi-siècle dans l’Himalaya (La Martinière) et s’intéresse depuis longtemps à la condition animale.
Vous avez écrit un Plaidoyer pour les animaux. Comment et pourquoi vous êtes-vous penché sur cette question ?
J’ai souhaité mettre en évidence les raisons scientifiques et
l’impératif moral qui justifient d’étendre l’altruisme à tous les êtres
sensibles. Nul doute qu’il y a tant de souffrances parmi les êtres
humains que l’on pourrait passer une vie entière à n’en soulager qu’une
partie infime.
Toutefois, se préoccuper du sort des quelque 8 millions
d’autres espèces qui sont nos concitoyens sur cette planète n’est ni
irréaliste ni déplacé puisque, dans la vaste majorité des cas, il n’est
pas nécessaire de choisir entre le bien-être des humains et celui des
animaux. Il ne s’agit donc pas de ne se préoccuper que des animaux, mais aussi des animaux, et de les inclure dans le cercle de notre bienveillance.
..... Parfois, nous prenons soin de nos animaux de compagnie comme s’ils
étaient nos propres enfants ; parfois, nous chassons d’autres animaux et
les tuons pour notre plaisir ; parfois encore, nous portons leur
fourrure avec coquetterie. Souffrant de dissonance cognitive, nous
passons d’une attitude à l’autre comme si de rien n’était, comme s’il
s’agissait de choix anodins, alors que pour les animaux eux-mêmes, il
s’agit d’une question de vie ou de mort.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire