La biologiste du CNRS Emmanuelle Pouydebat dresse un panorama des capacités étonnantes des insectes, mammifères, oiseaux et poissons pour remettre l'humain à sa place de «goutte d’eau» parmi les animaux.
Comment vous est venu cet intérêt pour l’intelligence des animaux ?
Paradoxalement, ce n’est pas en observant les animaux mais en lisant un livre – le Singe, l’Afrique et l’Homme d’Yves Coppens. C’était Lucy qui m’intéressait, cette petite australopithèque. J’essayais de comprendre comment elle vivait, et pourquoi elle n’était pas classée chez les humains. J’ai appris que c’est notamment parce qu’on pense qu’elle n’utilisait pas d’outils – ce dont je ne suis, aujourd’hui, pas sûre du tout. Je me suis demandé : qu’est-ce qui fait un être humain ? Et voilà, j’ai commencé à m’intéresser aux primates et aux autres animaux. D’ailleurs, ce qui fait un humain, j’ai bien du mal à le définir au niveau du comportement.On ne peut pas définir de frontière entre l’intelligence des animaux, celle des primates et celle de l’humain ?
SOURCE ET SUITEAVEC VIDEO..
Moi, je fais tout sauf définir des frontières… Car elles peuvent sauter dans un sens ou dans l’autre. Oui, il y a des choses que les humains savent faire et pas les autres animaux. Mais à l’inverse, certaines espèces ont des capacités que nous n’avons pas. Par exemple en termes de mémorisation spatiale. Certaines petites fourmis qui vivent dans le Sahara sont capables de se déplacer 600 mètres – une piste et demie d’athlétisme, je vous laisse imaginer ce que ça représente pour un insecte – en zigzaguant pour trouver de la nourriture, et au retour, elles prennent une ligne droite, un raccourci pour rentrer chez elles. Les chercheurs ont montré qu’elles utilisent un système de podomètre interne. Ils s’en sont rendu compte parce qu’en mettant aux fourmis des petites échasses, leurs pas étaient plus grands et elles allaient au-delà de la colonie. Face à elles, si vous mettez un humain sans GPS au milieu du Sahara, il sera complètement perdu. Mais ça ne veut pas dire que les fourmis sont plus intelligentes que les humains – tout est histoire de contexte.
Quand je discute avec les paléoanthropologues et les collègues issus de différentes disciplines scientifiques, le seul critère comportemental qui différencie les humains reste la bipédie permanente. Les humains sont les seuls à être sur deux pieds en permanence, mais c’est un comportement moteur pas vraiment lié à l’intelligence.
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