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Aymeric Caron publie “No Steak” (Fayard). Le chroniqueur d’"On n’est pas couché", lui-même végétarien, prédit l’avènement du végétarisme universel dans un futur proche.
Ecrire « No Steak » semble vous avoir libéré d’un poids.
Ce n’est pas un coming out mais, oui, j’avais des choses à dire sur ce que j’éprouve depuis vingt ans que je suis végétarien. J’ai souvent dû faire face à des sarcasmes à cause de ce régime alimentaire qui, aux yeux de beaucoup, paraît bien particulier. Pendant des années, je n’ai pas souhaité me justifier. Mais quand on est végétarien, on doit forcément expliquer pourquoi. Aujourd’hui, j’en parle très librement.
Comment êtes-vous devenu végétarien ?
Ca s’est fait sur une dizaine d’années. J’ai d’abord réalisé que l’homme avait un problème dans ses rapports avec les animaux : précautionneux avec les animaux de compagnie, tout l’inverse avec les autres. J’ai un temps été bercé par l’illusion que les animaux mangés étaient bien traités. Mais un jour, j’ai vu un reportage sur la réalité des abattoirs. J’ai basculé « dans l’autre monde ».
« Le végétarien est chiant », écrivez-vous. Vous êtes chiant ?
Oui, le végétarien est chiant. Il ennuie tout le monde. Il est celui qui, à table, quand il est invité, créé un problème. Le végétarien est aussi celui qui remet en cause les certitudes des autres. Il force le non-végétarien à s’interroger. Donc il est chiant. Et puis si on ne mange pas de viande, c’est qu’on n’aime pas les plaisirs de la chair. Le végétarien est morne, triste, chiant.
“L’animal est une personne intelligente”, écrivez-vous. C’est une conviction ?
Je m’appuie sur des travaux de scientifiques qui ont étudié le comportement des éléphants, des dauphins ou des rats. Ce sont des faits. Je fais là mon métier de journaliste. Quand j’ai couvert les conflits en Irak ou en Afghanistan, de la même manière, je m’appuyais sur des faits. Ce ne sont pas de convictions sorties de nulle part.
Vous vous défendez de tout prosélytisme. Le parti pris est pourtant là.
J’apporte des informations. Maintenant, le livre s’appelle “No steak”. Donc, évidemment, le parti pris est d’expliquer pourquoi on ne mangera plus de viande et pourquoi je suis partisan du fait qu’on n’en mange plus. Je l’assume. Ce serait hypocrite de dire le contraire.
Vous avez été grand reporter : en Irak, au Kosovo, en Afghanistan. Le terrain ne vous manque pas ?
Ce sont des terrains qui abiment. On est toujours dans l’intranquillité. Une intranquillité liée à l’endroit d’où l’on revient, et à l’endroit où on va partir. Aujourd’hui, j’ai gagné en sérénité.
Vous avez rejoint “On n’est pas couché” en septembre. Comment vivez-vous votre nouvelle médiatisation ?
Je n’y pense pas vraiment, même si j’ai bien conscience que cette émission a changé quelque chose dans ma vie. Ca été une chance. “On n’est pas couché” est l’un des rares espaces de liberté pour les journalistes, et pour la pensée en général. On y est moins formatés et plus libres que dans d’autres émissions dites plus journalistiques.
Ca a été facile de trouver le ton juste ?
Je suis arrivé dans une émission qui obéit à une mécanique que tout le monde connait. Natacha Polony avait déjà ses marques, pas moi. J’ai dû essayer de trouver ma place. Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre l’émission de l’intérieur. Donc oui, il y a eu des choses à régler et des ajustements à trouver. Au niveau de la rythmique, de la tonalité et du bon moment pour intervenir.
Quels sont vos projets ?
Faire de « No Steak » un documentaire. Avec une équipe, on travaille d’ores et déjà sur un synopsis.
Avec la sortie du livre, le chroniqueur va désormais être chroniqué ?
Et c’est bien normal. Je suis très heureux d’être chroniqué, d’être critiqué même. A partir du moment où mon rôle consiste à proposer une lecture critique du travail des autres, il est tout à fait normal que mon travail soit, lui aussi, soumis au feu des critiques. Je suis prêt à jouer le jeu à 100%. Ca va peut-être permettre à certaines personnes de se défouler. Qu’elles ne s’en privent pas surtout !
Propos recueillis par Alexandre Le Drollec
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