SOURCE ET SUITE
OUI, LES MILITANTS SONT AUSSI DES ÉLECTEURS...
L’organisation est souvent critiquée pour ses méthodes consistant à infiltrer des abattoirs afin d’en filmer les pratiques. Elle a néanmoins mis le débat sur la place publique, suscitant de nombreux soutiens.
A coups d’images crues et de révélations chocs, la petite équipe de L214 a bousculé, ces dernières années, le ronron de la protection animale. Plutôt jeunes, très engagés, totalement déterminés, ces militants avancent vite là où ont longtemps piétiné leurs aînés, habitués à davantage de modération et de conciliation.Ainsi, la diffusion de leurs images «volées» dans trois abattoirs a provoqué, entre fin 2015 et début 2016, des réactions en chaîne : enquêtes administratives et judiciaires, fermeture des sites à titre conservatoire, publication d’un appel lancé par une centaine de personnalités en faveur d’une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs… Puis, sous la pression médiatique, création d’une commission [lire page 2].
Infiltrer, filmer, diffuser : ce procédé simple, d’une efficacité redoutable, fait désormais trembler dans les abattoirs. La méthode a été qualifiée de «scandaleuse» par le maire d’Alès, Max Roustan. «Quand une association va aussi loin, on peut carrément parler de terrorisme», déclarait-il le 28 avril devant la commission parlementaire. S’adressant à la cofondatrice de L214, Pierre Morel-A-L’Huissier, député de Lozère, questionnait quant à lui : «Mais qui êtes-vous exactement ?» L’association, nommée en référence à l’article du code rural qui reconnaît que les animaux sont des êtres sensibles, a été créée en 2008. Avec, dans son viseur, une cible bien précise : lutter contre l’exploitation des animaux d’élevage. Et pour slogan une formule qui fait mouche : «Il n’y a pas de viande heureuse.»
Le noyau dur de L214 est constitué d’une dizaine de personnes, dont un couple : Brigitte Gothière, professeure d’électricité dans son ancienne vie, et Sébastien Arsac, autrefois professeur des écoles, tous deux âgés de 43 ans. A l’âge de 20 ans, ces deux-là décident de ne plus «manger d’animaux». Ce sera leur premier pas vers une vie presque entièrement dédiée à la cause....
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.............................Bien entendu, L214 protège leur anonymat : à ceux qui veulent savoir qui a tourné les images dans les trois abattoirs récemment pointés par l’association, celle-ci répond : «Des personnes qui ont eu accès aux lieux.» Ces trois vidéos comptabilisent sur Internet plus de 3 millions de vues. Chaque nouveau scandale relance le nombre d’adhésions, qui a triplé en quelques mois. Aujourd’hui, L214 compte une quinzaine de salariés, 15 000 adhérents, 230 000 abonnés à sa lettre d’information, près d’un demi-million de likes sur Facebook et un budget d’un million d’euros. Et l’association s’invite aussi dans le champ politique : son site «Politique et Animaux» recense minutieusement toutes les décisions et prises de position des élus concernant les animaux. Histoire de rappeler aux politiques que les militants sont aussi des électeurs.
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