AVEC TRAILER
Pourtant, derrière cette fantaisie débridée qui ne recule ni devant l’outrance, ni devant les excès (le cannibalisme) se dessine un propos beaucoup plus sombre. Très étrangement, Dumont fait parfois pousser à « ma loute » des sortes de grognements animaux qui font du jeune homme une sorte de figure diabolique et céleste à la manière de l’étrange clochard d’ Hors-Satan. Une fois de plus, il s’agit de filmer l’animalité qui subsiste en chaque individu.
Bestialité bourgeoise
En caricaturant à l’excès, avec la verve d’un Octave Mirbeau, les mœurs de cette bourgeoisie montante au moment de la révolution industrielle et de l’avènement du capitalisme, Dumont montre à quel point le vernis de la civilisation et des conventions sociales ne sont d’un fragile paravent contre la bestialité de ces individus. La culture n’est qu’un simulacre pour dissimuler les liens monstrueux de cette famille avec ses incestes, ses mariages consanguins.Après avoir abordé de grandes questions « sociales » par le biais de figures stylisées (le racisme dans La Vie de Jésus, la Guerre dans Flandres, le terrorisme dans Hadewijch…), Dumont s’intéresse ici à la lutte des classes en creusant la question de l’animalité et de la prédation : des pauvres qui recherchent avant tout la viande, des riches qui s’associent pour la recherche du seul profit...
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..............Sous ses allures de fable bouffonne, Ma Loute reste un film noir. Dumont n’a jamais fait que peindre la nature humaine pour ce qu’elle est, sans prendre la moindre pincette. Si la pilule passe mieux par le biais d’un comique guignolesque, il n’en reste pas moins que le tableau qu’il nous présente est d’une noirceur sans égale puisque l’être humain ne semble apte qu’à dévorer son prochain, au sens propre et figuré…
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