SOURCE SUITE SUR LE LIEN
extrait:Tout comme l'écrivain, le journaliste et l'enseignant Abdelwahab Meddeb qui invite ses congénères à vivre un sacrifice "symbolique" et "mental" sans verser de sang.
Sur
un sujet tellement épineux, facilement confiscable par les politiques
de tous les horizons, L214 communique avec sobriété, en laissant parler
les images. Images des moutons égorgés faisant échos à leur jeune
progéniture -l'agneau- qui se trouve massivement sacrifiée lors des
fêtes pascales du monde chrétien. Autant d'occasions pour relancer la
réflexion sur la démesure de la consommation de viande, sur la
maltraitance, sur le fait d'ôter des vies.
Finalement, pourquoi se
déclarer indigné par le sang qui coule à l'Aïd el-Kébir, quand cela se
passe d'une manière tout à fait semblable (voir identique, quand
l'étourdissement préalable des animaux ne fonctionne pas ou n'est tout
simplement pas envisagé) dans des institutions réglementées, vérifiées
et certifiées, qui ont comme but le sacrifice quotidien et
"alimentaire": les abattoirs?
Il y a, dans quelques icônes du
monde chrétien orthodoxe, une image troublante du mouton accompagnant
Ibrahim (Abraham dans la tradition juive) ouvrant la voie à cette
tradition sacrificielle: figé dans l'attente, envoyé dans un coin du
tableau dont les deux protagonistes humains occupent le premier plan, ce
mouton a les cornes emmêlées dans des buissons (expression probable de
la conception du peintre qui liait les règnes animal et végétal afin de
les exiler à l'étage inférieur par rapport à l'humain possédant toute la
vie de la Terre), et de ses cornes semblent pousser quelques fleurs
multicolores d'une rare beauté. Il serait peut-être temps, en 2013, en
France, de voir plus clair dans les fils emmêlés des traditions, et de
rendre aux animaux, nos confrères avec lesquels nous partageons le
mystère du Vivant, le plus grand hommage, devenu une fleur rare: leur
laisser la vie sauve.
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