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11 mois après l'affaire de la viande de cheval dans les lasagnes et la chute de l'entreprise audoise, Spanghero, de Castelnaudary, voilà une nouvelle affaire impliquant de la viande de cheval.
Un scandale alimentaire et financier, qui contrairement au dossier Spanghero, risque de se transformer en scandale sanitaire.
Des chevaux utilisés pour la recherche médicale remis dans la chaîne alimentaire
L'affaire porte sur plusieurs centaines de chevaux ayant participé à des programmes scientifiques entre 2010 et 2012. Les bêtes, utilisées par des laboratoires de recherche ou des entreprises pharmaceutiques, comme Sanofi, se retrouvent dans la chaîne alimentaire, après falsification des documents de traçabilité qui accompagnent obligatoirement ces animaux.
D'autres chevaux, issus de centres équestres ou de particuliers, traités avec des anti-inflammatoires et des antibiotiques, donc illicites à la consommation, ont également été remis dans la chaîne alimentaire.
2 années d'enquête, entre France et Espagne, diligentée par le Parquet de Narbonne
Tout a commencé par une lettre anonyme, envoyée à la direction départementale de la protection des populations de l'Aude, en octobre 2012. Ce courrier accusait, d'agissements frauduleux, une société de négoce de chevaux de Narbonne, la Narbonnaise des viandes.
Une enquête est alors lancée par le parquet de Narbonne. Les hommes de la section de recherche de la gendarmerie nationale de Montpellier découvrent qu'entre 2010 et 2012, au moins 200 chevaux ont été rachetés à Sanofi-Pasteur sur son site d'Alba-la-Romaine dans l'Ardèche, par un marchand de chevaux de Saint-Jean-de-Maruéjols dans le Gard. Ce dernier revendait les animaux à un négociant de Narbonne qui est suspecté d'être l'organisateur du trafic.
A ce stade de l'enquête, il semble que le groupe Sanofi ait été abusé. Car après s'être servi du sang des animaux, pour la fabrication et la recherche sur des sérums ou des vaccins, le laboratoire pharmaceutique revendait les animaux pour une somme symbolique aux maquignons.
Des reventes légales, effectuées en toute transparence, selon les scientifiques, puisque des fiches médicales accompagnant ces animaux précisaient effectivement "abattage interdit pour la consommation humaine".
Une convention internationale précise que tout animal ayant servi à des programmes scientifiques ne peut être reversé à la consommation humaine.
Sanofi-Pasteur a précisé "ne pas être en mesure de se prononcer sur la dangerosité de la consommation de viande de cheval, provenant de leur laboratoire", même si les vaccins effectués ont été testés et homologués par l'Agence Nationale de santé.
On notera tout de même, que selon nos informations, Sanofi garde encore secrète la nature exacte des traitements effectués sur ces chevaux. Simple prises de sang pour la fabrication de vaccin ou tests pharmaceutiques effectués sur les animaux ? Nous ne le savons pas.
Le 24 mai 2013, une information judiciaire est ouverte pour faux et usage de faux et tromperie sur la qualité de la viande
Les enquêteurs découvrent alors que des maquignons peu scrupuleux ont tissé un véritable réseau pour fabriquer des faux dossiers, faire abattre ces animaux théoriquement impropres à la consommation et les revendre dans des boucheries du sud de la France, d'Espagne et peut-être d'Italie.
Un faussaire habitant les Alpes-de-Haute-Provence aurait permis d'établir des nombreux faux documents. 3 vétérinaires complices, installés à Vauvert dans le Gard, à Peyrins dans la Drôme et à Maurs dans le Cantal, auraient contribué au blanchiment des chevaux, les rendant propres à la consommation dans leur traçabilité.
Des personnels d'abattoir, notamment à Gérone en Catalogne, sont également accusés d'avoir participé au commerce frauduleux des Narbonnais ainsi que d'autres maquignons de Montauban, de Saint-Jean-de-Maruéjols dans le Gard et de Saint-Privat-d'Allier en Haute-Loire.
Un trafic qui rapporte gros
Chaque animal racheté à Sanofi, 10 euros, a rapporté, entre 500 et 800 euros aux maquignons, après revente des carcasses en boucherie. La transaction était également intéressante pour le laboratoire, puisqu'elle lui évitait les frais d'équarrissage estimés à près de 250 euros, l'animal.
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