vendredi 24 novembre 2017

INTELLIGENCE DES ANIMAUX, DE PLUS ENPLUS DE RAPPORTS ET D' ETUDES DISENT OUI, INCONTESTABLEMENT.

La biologiste du CNRS Emmanuelle Pouydebat dresse un panorama des capacités étonnantes des insectes, mammifères, oiseaux et poissons pour remettre l'humain à sa place de «goutte d’eau» parmi les animaux.

Biologiste au Muséum national d’histoire naturelle et au CNRS, Emmanuelle Pouydebat est spécialiste de la manipulation des outils par les primates… et tous les autres animaux. A l’occasion de la sortie de son livre l’Intelligence animale (1), elle a dressé pour Libération un panorama des capacités de primates, d’oiseaux, d’insectes et même de poissons dont les humains manquent souvent, prouvant ainsi que l’intelligence est plurielle et faisant descendre l’humain de son piédestal dans le règne animal.
Comment vous est venu cet intérêt pour l’intelligence des animaux ?
Paradoxalement, ce n’est pas en observant les animaux mais en lisant un livre – le Singe, l’Afrique et l’Homme d’Yves Coppens. C’était Lucy qui m’intéressait, cette petite australopithèque. J’essayais de comprendre comment elle vivait, et pourquoi elle n’était pas classée chez les humains. J’ai appris que c’est notamment parce qu’on pense qu’elle n’utilisait pas d’outils – ce dont je ne suis, aujourd’hui, pas sûre du tout. Je me suis demandé : qu’est-ce qui fait un être humain ? Et voilà, j’ai commencé à m’intéresser aux primates et aux autres animaux. D’ailleurs, ce qui fait un humain, j’ai bien du mal à le définir au niveau du comportement.
On ne peut pas définir de frontière entre l’intelligence des animaux, celle des primates et celle de l’humain ?
SOURCE ET SUITE
 AVEC VIDEO..

Moi, je fais tout sauf définir des frontières… Car elles peuvent sauter dans un sens ou dans l’autre. Oui, il y a des choses que les humains savent faire et pas les autres animaux. Mais à l’inverse, certaines espèces ont des capacités que nous n’avons pas. Par exemple en termes de mémorisation spatiale. Certaines petites fourmis qui vivent dans le Sahara sont capables de se déplacer 600 mètres – une piste et demie d’athlétisme, je vous laisse imaginer ce que ça représente pour un insecte – en zigzaguant pour trouver de la nourriture, et au retour, elles prennent une ligne droite, un raccourci pour rentrer chez elles. Les chercheurs ont montré qu’elles utilisent un système de podomètre interne. Ils s’en sont rendu compte parce qu’en mettant aux fourmis des petites échasses, leurs pas étaient plus grands et elles allaient au-delà de la colonie. Face à elles, si vous mettez un humain sans GPS au milieu du Sahara, il sera complètement perdu. Mais ça ne veut pas dire que les fourmis sont plus intelligentes que les humains – tout est histoire de contexte.
Quand je discute avec les paléoanthropologues et les collègues issus de différentes disciplines scientifiques, le seul critère comportemental qui différencie les humains reste la bipédie permanente. Les humains sont les seuls à être sur deux pieds en permanence, mais c’est un comportement moteur pas vraiment lié à l’intelligence.
L’intelligence des singes ne dépend-elle pas de la présence de doigts, ou d’un pouce opposable, ou de leur capacité à utiliser des outils ?
Cette focalisation sur l’outil, qui rapproche certains animaux de l’Homme dans l’esprit de l’observateur humain, est embêtante. L’utilisation d’outils a été citée pour définir l’espèce humaine, alors qu’on la retrouve chez de nombreux primates et d’autres animaux encore, même les invertébrés – il ne faut pas non plus faire de primato-centrisme ! Le ratel par exemple, un carnivore proche du blaireau, est capable d’empiler plein d’objets pour s’évader de son enclos. On le voit dans une vidéo d’un parc zoologique en Australie : il va utiliser un râteau, empiler des pierres, poser une branche, n’importe quoi pour escalader la grille… Les soigneurs en avaient marre de passer leurs journées à lui courir derrière, donc ils ont mis une grille avec des cadenas plus sophistiqués, mais il trouve le moyen de s’évader quand même.

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