samedi 9 août 2014

JANE GOODALL ET AIR FRANCE



 SOURCE

Monsieur De Juniac,
Nous vous remercions de votre lettre du 20 Juin, reçue en retour à la mienne. En réponse permettez-moi de partager les réflexions suivantes avec vous.
Vous avez souligné que des millions de personnes souffrent du VIH – SIDA et d’autres maladies, et que par conséquent des singes doivent être sacrifiés pour le bien de l’humanité. Malheureusement, les expériences sur des singes sont rarement bénéfiques. Étude après étude, il est démontré que les primates ne sont pas de bons modèles pour les maladies humaines.
Un rapport historique publié en 2011 par la « National Academy of Sciences’ Institute of Medicine » a conclu que «la plupart des recherche biomédicale sur les chimpanzés ne sont pas nécessaires »; et un rapport 2013 publié par les Instituts nationaux américains de la santé a conclu que « la recherche impliquant des chimpanzés a rarement accéléré de nouvelles découvertes ou avancées sur la santé humaine et les maladies infectieuses ».
Si nous ne pouvons pas trouver de remèdes pour les maladies humaines en utilisant nos parents les plus proches, il est peu probable de trouver ces remèdes à travers l’expérimentation sur nos cousins primates plus éloignés.
Comme je l’ai écrit, les singes, sont des animaux intelligents avec des personnalités propres, exprimant des émotions semblables à celles que nous appelons la satisfaction, la dépression, le chagrin, la colère, la peur et ainsi de suite. Ils ressentent assurément la douleur. En outre, ils sont très sociables, vivant en groupes sociaux dans lequel chacune, chacun connait sa place.
Tout cela signifie que les conditions dans les laboratoires de recherche médicale sont très stressantes, et il est bien admis que le stress peut compromettre le système immunitaire, rendant les expériences sur les individus stressés encore plus inutiles. Je me demande si vous avez déjà visité personnellement un tel laboratoire?

La recherche a montré que 90% des primates dans les laboratoires présentent des comportements anormaux causés par la violence physique, et le stress psychologique résultant de l’isolement social (la plupart des animaux d’expérience sont mis en cage séparément), et de l’environnement morne et stérile du laboratoire. Les symptômes comprennent des basculements incessants d’avant en arrière et des comportements répétitifs et stéréotypés. Ils peuvent s’automutiler, y compris en s’arrachant leurs poils ou en mordant leurs membres ou leur queue causant ainsi de graves blessures.
Bien sûr, les scientifiques continueront d’utiliser des primates tant qu’ils pourront obtenir des financements pour leurs recherches. C’est triste et pénible, et cela a conduit à l’installation de nombreux élevages dans le monde occidental. Cela signifie, cependant, qu’il n’y a absolument pas besoin d’importer des singes de leur pays d’origine à des fins de recherche. Et il existe un grave danger qu’ils puissent transporter avec eux de nouveaux agents pathogènes dans nos pays. L’apparition de plus en plus de nouvelles maladies transmises à l’homme par les animaux est une préoccupation croissante.
Compte tenu de ce qui précède, il semble que cela dégrade notre humanité, avec peu ou pas de bénéfices sur la souffrance des êtres humains, en soumettant nos cousins primates au supplice des laboratoires de recherche.
Il serait merveilleux, M. de Juniac, si vous pouviez affirmer votre propre humanité en vous joignant aux autres grandes compagnies aériennes, en interdisant le transport des singes dans la cargaison des effrayantes cales des avions d’Air France.
Cordialement,

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