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JE TIENS A RAPPELER QUE DANS CE CAS PRECIS IL Y AVAIT DES PROPOSITIONS D' ADOPTION
D’un côté, l’émotion, toujours vive. De l’autre, des explications froides, scientifiques. Et deux camps qui semblent ne pas pouvoir s’entendre. La mise à mort du jeune girafon «Marius» par le Zoo de Copenhague la semaine dernière continue de faire des vagues. Pour éviter le risque de consanguinité, l’établissement avait abattu le jeune animal d’un an et demi, l’avait dépecé devant le public «dans un but éducatif» puis donné en repas aux fauves. Hier, une pétition en ligne fustigeant un acte «cruel, inutile et barbare» et exigeant la fermeture de ce zoo en était à 130 000 signatures.
Devant le déluge de réactions outrées, l’Association européenne des zoos et des aquariums (près de 350 membres) a volé au secours de Copenhague, rappelant que l’objectif principal reste de «préserver pour les générations futures des populations d’animaux génétiquement saines». Et soulignait que les euthanasies pratiquées en Europe pour des motifs de conservation de l’espèce sont «extrêmement rares».
Petits lions et tigres euthanasiés
Une affirmation qui semble se vérifier en Suisse. Le cas le plus célèbre reste celui du petit hippopotame de Bâle «Farasi», né en 2010. Il était destiné à finir dans le ventre des carnivores si on ne lui trouvait pas un nouveau domicile. S’il restait, il aurait pu s’entre-tuer avec son père ou tenter de se reproduire avec sa mère. Mais, après un long feuilleton et beaucoup d’émotion, «Farasi» s’était envolé fin 2010 couler des jours heureux en Afrique du Sud.
D’autres ont eu moins de chance. Le Zoo de Bâle a dû euthanasier deux lionceaux en 2007, rappelait hier la NZZ am Sonntag. Deux petits tigres avaient subi le même sort à Zurich. «Nous devons parfois euthanasier des antilopes mâles qui ne pourront pas rester dans le groupe», détaille le directeur du Zoo de Zurich, Alex Rübel, dans le journal alémanique. Il précise qu’il est parfois possible de trouver des parades – un gorille femelle prend par exemple la pilule. Mais qu’il arrive que la mort soit la moins mauvaise solution.
Au Zoo de Servion, on est sur la même longueur d’onde. «Sauf en cas de maladie, nous n’avons pour l’instant pas eu à euthanasier et nous faisons tout pour ne pas en arriver là. Mais on ne peut pas exclure que le cas puisse survenir, nous explique le directeur Roland Bulliard. Notre responsabilité est de conserver des espèces saines et nous devons éviter les problèmes de consanguinité. Nous avons donc par exemple stérilisé notre lionne «Léa». Et, pour plusieurs espèces, il est impossible d’avoir deux mâles dans le même groupe – ils se battraient ou il faudrait en isoler un, qui n’aurait alors pas de vie sociale. On sait donc qu’il peut y avoir des naissances problématiques.»
Sensibilité sous-estimée
Aussi mignons soient-ils, il peut donc arriver que des petits soient sacrifiés dans des zoos suisses. Car l’espèce passe avant l’individu. Ou parce que leur vie n’aurait rien de souhaitable. Et les responsables se disent convaincus que le public peut le comprendre. Comme beaucoup, ils peinent par contre à souscrire à la démarche du Zoo de Copenhague, qui a largement sous-estimé la sensibilité du public. Que ce soit la nature ou pas, on ne risque manifestement pas ici de dépecer un jeune animal devant le public par souci pédagogique. Avant de voir lions ou léopards se repaître voire jouer avec les restes. «A Zurich, nous n’irions pas aussi loin», tranche Alex Rübel dans la NZZ. «Franchement, je ne comprends pas leur démarche. En tout cas, il est évident que ça allait heurter une partie du public. Je suis surtout sidéré qu’ils aient été surpris par l’émotion qu’ils ont déclenchée», note Roland Bulliard.
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