dimanche 16 juin 2013

URGENCE POUR TOUS LES ANIMAUX DE LA PLANETE

Ours polaire observé sur la côte de l'archipel de Svalbard, Norvège (SUPERSTOCK/SIPA)

SOURCE  ET CREDIT PHOTO

Au commencement, il y eut un Big Bang/Dieu/grand horloger (chacun prêche pour sa paroisse) qui créa la Terre. L’Homme n’existait pas. Bien plus tard, celui-ci apparut, se redressa, dompta les milieux naturels hostiles, faune comme flore. Puis, se mit à agir non pas tel un occupant lambda de la planète, mais bel et bien comme le maître des lieux : cette planète, c’était sa planète, son terrain de "Je".

Au nom de ce principe inique, l’Homme éradiqua certaines espèces animales de la surface du globe.

Couacs des déplacements de faune

Toutefois, depuis quelques décennies, un nombre croissant d’entre nous admet qu’il faut œuvrer pour préserver les animaux sauvages, sous peine de ne plus en voir bientôt que dans des zoos et autres aquariums. Idée tant effrayante que térébrante. D’où l’avènement de théories écologiques. Dernière lubie en date : réintroduire des animaux dans des habitats naturels différents de ceux où ils ont l’habitude de vivre.

Vaste programme pétri de bons sentiments envers les bébêtes, partant d’un double constat :
- Certaines espèces sont menacées. Avant qu’elles servent de tapis au sein d’un pavillon de chasse, autant les déplacer ailleurs.
- Moult espaces naturels ne demandent qu’à accueillir de nouveaux arrivants – menacés ou non – alors pourquoi ne pas les déplacer ?

Les réintroductions d’espèces sont parfois des demi-réussites ou carrément des flops monumentaux. La présence du loup en France suscite l’ire des éleveurs de moutons, le loup mangeant l’agneau et non l’inverse. Dans le Nord de L’Australie, la protection des crocodiles initiée par le gouvernement a favorisé une reproduction rapide de ces reptiles, à tel point que leurs attaques envers les populations avoisinantes sont devenues monnaie courante, sans que l’on puisse y mettre un terme. Liste non exhaustive…

Dans ces conditions, contrairement aux banques chypriotes, on peut émettre des réserves sur le projet de migration d’ours blancs du pôle Nord vers le pôle Sud. Certes, la fonte du Pôle Nord est actée, et si personne ne lève le petit doigt, les ours blancs sauvages ne seront bientôt plus qu’un bon souvenir dans nos mémoires, faute de banquise. Toutefois, comme à Hollywood, on ne peut s’empêcher d’envisager un scénario catastrophe : hors de son milieu naturel, l’ours blanc survivra-t-il ?

Ces couacs doivent-ils inciter l’Homme à rester en retrait et laisser ainsi la Nature se débrouiller seule pour, en bon darwiniste, composer ultérieurement avec les seules espèces animales qui auront réussies à se tirer du bourbier des changements climatiques et des vicissitudes de la cruauté animale comme humaine ?

Dans le bénéfice du doute, peut-être a-t-il raison de prendre les devants pour tenter de protéger des animaux et les réintroduire hors de leur habitat naturel. Malgré certains couacs. Qui ne tente rien n’a rien, ou n’aura plus rien en l’occurrence.

Partir ou mourir

Pour certaines espèces, l’urgence est de mise.

En Afrique, éléphants et rhinocéros se font massacrer. En effet, dans certains pays d’Asie, une croyance erronée prêterait à la corne du rhinocéros des vertus aphrodisiaques, capables de transformer un grand méchant mou au plumard en Attila des sommiers notoire. Quant à l’éléphant, il est chassé pour ses défenses en ivoire dont la valeur ne cesse d’augmenter du fait de la rareté galopante de cette substance. Bref, les défenseurs d’éléphants l’ont dans le Babar.

Si certaines zones "protégées" sont aussi perméables que le secret bancaire suisse ces derniers temps, autant tenter le coup de poker de la réintroduction de nos chers pachydermes et autres espèces menacées en d’autres lieux. Avec évidemment des garanties nécessaires (nouveau biotope adapté, pays vertueux envers la vie sauvage).

Par conséquent, exit le Brésil qui, de par l’édification du barrage du Belo Monte, va massacrer des espèces animales comme végétales uniques au monde, ces dernières ne vivant qu’à proximité du fleuve Xingu. Moralité : le leitmotiv des intérêts supérieurs de la nation au Brésil, ça samba et ça revient.

Changer les codes alimentaires : fini les sushis !

Autre problème : modifier les habitudes alimentaires.

Si le thon rouge est menacé, c’est en partie parce que les restaurants de sushis pullulent. Or faire des sushis, il faut beaucoup de poissons. Résultat, les chalutiers et autres bateaux usines déciment littéralement les bancs de thons rouges et de saumons, variétés de poissons utilisées dans les sushis. Il conviendrait donc d’oublier les effets de mode et d’arrêter d’encourager les enseignes comme les Sushi Shops et autres nipponisés en tabliers. Ou de prendre le maki pour lutter contre cette hérésie.

Dans cette lignée de débordements alimentaires, la création du saumon transgénique laisse pantoise. Créé par l’esprit fécond des scientifiques de la société américaine AquaBounty, ce saumon gigantesque baptisé AquAdvantage alimente déjà la chronique avant les assiettes. Effroi des craintifs en tout genre : si des saumons mutants s’échappent de leur prison aquatique, qu’adviendra-t-il ? Ne vont-ils pas se ruer sur les plus petits pour s’accoupler, voire les ingurgiter ?

Enfin, d’autres pistes alimentaires sont évoquées pour le futur. Algues et insectes sont légions et se régénèrent sans cesse. Les manger pourrait constituer un substitut à d’autres espèces menacées dont nous sommes friands. Certes, une poêlée d’insectes reste moins sexy que Rihanna, mais attendez qu’Alain Ducasse élève ce plat au rang d’institution, les mentalités pourraient changer. À suivre.

Ne pas baisser les bras

Peut-être l’Homme moderne en est-il encore au stade de l’adolescence quant à sa manière d’appréhender et protéger la nature sauvage. Or son baccalauréat écologique, c’est demain !
 
Dans le film "Le Guépard", Burt Lancaster prophétise : "Si nous voulons que tout reste comme avant, il faut que tout change".
 
À l’inverse, certains d’entre nous connaîtront peut-être un jour une vie funeste similaire à celle décrite dans le roman "La route" de Cormac McCarthy. Un monde de désolation et de cendres, où les rares survivants de la folie humaine se livrent par obligation de survie au cannibalisme.

La beauté de la vie, c’est aussi savoir protéger la fragilité de la faune et de la flore, tâche devant désormais constituer une lutte humaine sans fin ni répit.

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