Le happening du collectif Narg, lundi devant la mairie, a fini par déclencher une rencontre avec le maire et président de l’Agglo du Grand Guéret au sujet du projet d’abattoir halal.
Du faux sang sur les marches de la mairie de Guéret et le cadavre des fumigènes ont témoigné du dernier happening, hier, du Narg (pour Non à l’abattoir rituel de Guéret). Une “opération taupe” qui devait enfumer les fonctionnaires de l’hôtel de Ville afin d’exiger un rendez-vous avec le président de la communauté d’agglomération du Grand Guéret.
Michel Vergnier était une nouvelle fois au centre des critiques et des reproches du Narg. Sur une pancarte, la somme de 19.734 euros s’affichait ainsi comme un réquisitoire. « C’est la somme que la Com-com a versée pour l’étude de faisabilité de l’abattoir halal, dénonce Aurore Lenoir, coordonnatrice du Narg. Cet argent a été versé en 2010 sans que le contribuable n’ait rien eu à dire ». L’association comptait donc demander des comptes sur ces fonds versés qui faisaient d’ailleurs que la « Com-com était maître d’ouvrage ».
Sur la promesse de vente d’un terrain intercommunal signée avec les promoteurs du projet. Et sur la réunion qui, mi-mai, a eu lieu entre ces derniers et les élus de l’Agglo. Le Narg sous-entendant des manœuvres occultes dans ce flou et ces portes fermées.
Pour ce qui est de “l’enfumage”, les manifestants en ont été pour leur frais puisque qu’aucune des fenêtres n’était ouverte. Ils sont donc rentrés pour distraire les agents de leurs cornes de brume. Un tel barouf que Michel Vergnier a décidé de libérer son personnel qui « n’en pouvait plus ».
« C’est un comportement inacceptable », a reproché le maire à Aurore Lenoir et sa délégation qu’il a fini par recevoir vers 16?h?30. « Cela participe à l’atmosphère que vous avez créée autour de ce sujet », a-t-il lancé en montrant un dossier épais de 15 centimètres : « ça, ce sont les lettres reçues. La plupart sont anonymes et racistes. Certains ont le souci de la souffrance animale, d’autres contre l’abattoir des Arabes… »
Aurore Lenoir va défendre que son seul souci est de lutter contre la cruauté de l’abattage à vif : « Si cela avait été des catholiques, cela n’aurait rien changé à notre lutte. Ça l’aurait simplifiée et évitant que des activistes d’autres causes que nous ne partageons pas se mêlent à nous ». Et le dialogue, souvent vif, entre l’élu et la militante, va cependant se nouer. Sans dénouer la crise.
« Vous sous-entendez des choses qui pourraient vous mener loin, menace Michel Vergnier. Je magouillerais. Je cacherais des choses. Je soutiendrais… Tout cela m’agace car j’explique et vous n’entendez pas. Ce dossier est un dossier économique que nous avons instruit comme un autre. Oui, on a financé un audit qui a conclu que le projet était faisable dans les conditions techniques et économiques présentées. Et cela s’arrête désormais là. À cette réunion de mai, j’ai dit aux porteurs du projet que je préférerais un abattoir mixte halal/traditionnel. Ils s’en tiennent à leur idée et maintiennent leur projet ici, à Guéret.
La promesse de vente, son délai étant dépassé, est caduque… Désormais, l’Agglo n’a plus rien à voir à l’affaire. Les porteurs du projet doivent aller voir les financeurs que sont la Région et le Département et obtenir les autorisations qui sont délivrées par l’État ».
– « Ce n’est qu’une réponse administrative, rétorque Aurore Lenoir vous avez quand même soutenu ce projet contre le souci de la souffrance animale. En plus, vous nous avez associés à l’extrême-droite alors qu’il n’y avait aucun manifestant de ce bord dans notre dernier défilé ».
– « Je ne vous ai jamais taxé d’être d’extrême-droite, j’ai dit que des gens de ce courant avaient pu s’infiltrer dans vos actions. De votre côté, vous dites que ce projet est illégal, c’est faux. Il y a une dérogation européenne pour l’abattage rituel et, pour ma part, je tente de faire changer la loi pour obtenir un étourdissement rapide après l’égorgement ».
– « C’est de la poudre aux yeux, comme l’ont fait les Hollandais pour faire taire les associations d’opposants ».
– « Vous n’êtes quand même pas bien courageuse. Vous ciblez le projet de Guéret mais ce qui se fait ailleurs ne vous dérange pas. Regardez Limoges ou Lyon… Là-bas, l’abattage rituel ne vous dérange pas ».
Au sortir de l’entretien, Aurore Lenoir se montrait satisfaite de ce premier dialogue. « Michel Vergnier s’est engagé à nous transmettre tous les documents ». Annonce confirmée par l’intéressé qui, lui, espérait que sa contradictrice « aura compris que je soutiens en rien la souffrance animale, je m’y oppose même si j’œuvre d’abord contre la souffrance humaine. Je n’ai pas soutenu ce projet, je l’ai instruit. Comme un élu en responsabilité qui a mandat de ses électeurs pour le faire ». Dialogue de sourds?? Pas sûr.
Eric Danzé
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