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Cher Nikolaos, quel courage ! Tu as osé dire non aux
pauvres contribuables européens. Non, nous ne vous rembourserons pas
les milliards que vous nous avez prêtés. Quelle rébellion sublime ! Je
dois te dire, Nikolaos, que les Français ne t’en veulent pas. Nous ne
reverrons pas nos 70 milliards, et alors ? Nous t’abandonnons nos
économies de bon coeur. Et puis tout cet argent, nous n’aurions pas su
quoi en faire… La France est pratiquement en situation de plein emploi,
nos services publics croulent sous le pognon. Allez Nikolaos, foin de
scrupules : garde tout !
Garde aussi l’argent que les autres peuples européens t’ont prêté. Je
pense en particulier aux millions de contribuables dont le salaire
minimum se situe entre 300 et 400 euros. Ceux-là travailleront sans
doute jusqu’à 70 ans pour payer ta confortable retraite. Ils sont
tchèques, lituaniens, hongrois, slovaques, estoniens, croates, polonais…
Bien sûr, ces pauvres contribuables ont un peu marqué le coup quand ils
ont découvert que le smic grec était deux fois supérieur au leur… Mais
ils ont besoin de travailler pour vivre, alors ils bossent. J’en profite
pour te dire bravo pour ces reportages cousus de fil blanc à la
télévision sur la souffrance du petit retraité grec ! L’imposture est
parfaite. Car, à part quelques naïfs, tout le monde sait parfaitement
que le taux de remplacement d’une retraite grecque est largement
supérieur à celui d’une retraite allemande ! D’ailleurs, il y a
davantage de pauvres en Allemagne qu’en Grèce… Mais chut ! ça ne doit
pas se savoir. Côté manipulation de l’opinion publique, c’est toi le
plus fort, Nikolaos.
Ami, je me propose de défendre ton modèle : peu d’impôts, des
services de recouvrement super cool (76 milliards d’impayés depuis dix
ans) ; des millions d’habitations construites sans permis, avec un
simple accord oral ; pas de fiscalité locale, peu d’impôts fonciers (et
pourtant, 70 % de la population adulte est propriétaire). Vive le modèle
grec !
Nikolaos, tu es fait pour rêver et aimer, pas pour vivre cette
insupportable austérité imposée par des peuplades nordiques peu
sophistiquées… Laisse la dette aux soutiers de l’Europe : les Portugais,
Espagnols, Irlandais… Laisse transpirer ces bas du front laborieux.
Toi, tu es un aristocrate sublime. Auréolé de ton passé glorieux,
contemple ces petits contribuables oeuvrer pour toi. Amoureux de la feta
et des manifestations anticapitalistes, tu dois continuer ta vie
indolente.
J’espère seulement, Nikolaos, que tu accepteras (s’il te plaît) que
je me serre la ceinture, moi, vulgaire Européen, pour sauver ta belle
insouciance qui ne date pas d’hier. Déjà, en 1854, l’intellectuel
français Edmond About écrivait : « La Grèce est le seul exemple connu d’un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance ».
Alors emprunte, ami Nikolaos, et je rembourserai !
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