Dans les cantines du deuxième arrondissement de Paris, les enfants mangent chaque jeudi un repas végétarien.
Une initiative à l’origine du maire Jacques Boutault,
convaincu que tous les restaurants scolaires devraient pouvoir proposer
une alternative végétarienne aux élèves.Depuis 2009, nous avons mis en place les jeudis végétariens dans les cantines du deuxième arrondissement. Aujourd’hui, tout le monde sait que nous avons une alimentation trop carnée. Or, il est bon pour la santé d’avoir certains repas qui ne comportent pas de viande. Le « jeudi veggie » est un mouvement qui fait de nombreux émules en Europe et de nombreux restaurants scolaires et d'entreprises ont adopté l'idée.
Il y a plusieurs raisons qui nous poussent à servir moins de viande. Des raisons écologiques d’abord, puisqu’on sait que la viande industrielle est très consommatrice d’énergie, d’eau et productrice de gaz à effet de serre. Et il y a la souffrance animale qui est une vraie question de société : on connaît les conditions d’abattage industriel qui sont absolument indignes. Manger moins de viande, voire ne plus en manger du tout, c’est aussi prendre en considération cette souffrance dans son mode de vie et dans son alimentation.
Un enjeu de l’éducation alimentaire
Manger moins de viande est un enjeu en ce qui concerne l’éducation alimentaire. On démontre qu’il est possible de bien se nourrir, de façon agréable, avec des repas qui comportent tous les nutriments nécessaires, sans pour autant provoquer de la souffrance animale. Montrer aux enfants qu’ils peuvent avoir une alimentation saine et équilibrée sans viande fait aussi partie de l’éducation qu’on doit leur donner.
Notre propos n’est pas de supprimer la viande, mais d’en manger moins et, surtout, de laisser le choix à chacun. On explique aux enfants, qui vont devenir des adultes, qu’il y a différentes façons de s’alimenter : de manière entièrement carnée, de manière entièrement végétarienne, ou de manière alternativement carnée et non-carnée.
Une loi dictée par les lobbies agroalimentaires
Un décret a été mis en place par Bruno Le Maire en 2011. Il comporte des éléments positifs que nous mettions déjà en œuvre dans le deuxième arrondissement comme une diminution du sel et du sucre dans les repas qui sont confectionnés pour les enfants. En revanche, d’autres aspects, très négatifs, ont directement été dictés par les lobbies de l’agroalimentaire, des firmes multinationales de l’alimentation et de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) : l’obligation de servir aux enfants de la protéine animale à haute dose. La protéine animale n’est pas forcément de la viande : c’est aussi du laitage et des œufs. Donc aujourd’hui, conformément à cette loi, nous ne pouvons pas servir de repas végétaliens : nous faisons des repas végétariens, c’est-à-dire sans viande ni poisson, mais qui comportent des œufs ou des laitages.
Personnellement, je souhaiterais qu’on soit allégés de cette contrainte. Cette loi n’est pas responsable car elle contrevient à l’intérêt général, notamment en matière de santé : c’est un décret que j’applique mais que je conteste. Selon moi, la solution serait une alternative végétarienne, voire végétalienne, systématique dans les restaurants scolaires. Aujourd’hui, compte tenu de cette réglementation, c’est impossible à proposer au quotidien. Je travaille à cette évolution.
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