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Les responsables d’actes de cruauté contre des veaux à Pont-Rouge pourraient purger jusqu’à cinq ans de pénitencier si une enquête criminelle en cours démontre leur culpabilité.
La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) a ouvert une enquête à la demande de Mercy for Animals Canada. La SPCA a tous les pouvoirs pour agir seule dans ce dossier et peut faire appel à la police en cas de besoin.
Ses enquêteurs ont entre les mains l’ensemble des images tournées en caméra cachée par Mercy for Animals Canada, depuis quelques semaines. Pour porter des accusations, ils pourront s’appuyer sur le Code criminel qui criminalise le fait de causer volontairement une douleur, une souffrance ou une blessure sans nécessité.
Aucune loi
Il leur sera toutefois impossible de porter des accusations contre des actes jugés courants dans l’industrie, comme l’élevage en isolement que pratiquent 88 % des producteurs de veaux du pays.
Les activités agricoles respectant «les règles généralement reconnues» par l'industrie sont en effet exclues de la section concernant le bien-être de la Loi québécoise sur la protection sanitaire des animaux, explique Stephane Perrais, de Mercy for Animals Canada.
«Il n’existe aucune loi qui protège clairement les animaux de ferme», déplore-t-il.
Le directeur général de la Fédération des producteurs bovins du Québec, Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, assure néanmoins que si l’isolement est certes la norme, la cruauté observée à Pont-Rouge est, elle, tout à fait exceptionnelle et condamnable.
«Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs de maltraiter leurs animaux. C’est leur seule source de revenus», explique-t-il.
Élevage en groupe
M. Deschênes-Gilbert indique par ailleurs que les producteurs de veaux du Québec se sont engagés à ne plus isoler les bêtes en cage. Les jeunes seront placés en groupe dans des enclos assez grands pour leur permettre de se déplacer et d’interagir entre eux.
Il faudra néanmoins attendre 2018 pour voir l’isolement pratique disparaître des fermes québécoises, pour laisser le temps aux fermiers d’adapter leurs installations.
«Le consommateur n’est pas prêt à payer plus cher pour sa viande, donc c’est l’entente qu’on passe avec lui: donnez-nous le temps de nous adapter et d’investir pour changer», explique M. Deschênes-Gilbert.
L’industrie du veau de lait largement subventionnée
Mercy for Animals Canada estime que les images filmées à Pont-Rouge montrent qu’on ne peut plus laisser l’industrie s’autoréglementer, comme c’est le cas actuellement.Mais, pour le directeur général de la Fédération des producteurs bovins du Québec, Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, si l’État impose de nouvelles règles, il devra mettre la main à la poche pour aider les producteurs à s’y conformer, comme l’a fait l’Union européenne.
Il explique qu’une ferme qui élève 500 veaux à la fois devra investir environ 350 000 $ pour adapter ses installations à l’élevage en groupe, «un investissement difficile à rentabiliser», selon lui.
100 M$ en subventions
Le gouvernement du Québec a toutefois déjà versé 100 millions $ à l’industrie du veau de lait au cours des cinq dernières années, par le fonds d'assurance stabilisation des récoltes agricoles.
Comme l’aide publique est versée par tête de bétail, les producteurs produisent plus pour toucher plus. Certains, comme ceux de Pont-Rouge, réduisent donc au minimum possible l’espace réservé à chaque bête.
Mais sans aide publique, «il n’y aurait plus de production animale au Québec», croit M. Deschênes-Gilbert.
Il plaide que le climat nordique et les normes environnementales plus strictes qu’ailleurs plombent la compétitivité de la viande québécoise.
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