lundi 12 août 2013
FUKUSHIMA MORT DES CETACES INEVITABLE
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Il fallait s’y attendre, à force de verser de l’eau sur les réacteurs détruits, et à force de remplir réservoirs après réservoir, l’eau, considérablement radioactive, fuit en quantité dans l’océan, et ceux qui, pour nous rassurer, évoquent la dilution, oublient une donnée essentielle, la chaine alimentaire va en être affectée.
La fable de l’arrêt à froid, décrété en décembre 2011 a de toute évidence fait long feu, et Tepco avoue maintenant que, depuis mai 2011, 300 tonnes d’eau très radioactive se déversent chaque jour dans l’océan.
En 4 petites minutes, ce dessin animé simple et pédagogique avait déjà compris dès le 18 mars 2011 le problème insoluble qui allait se poser à Fukushima, depuis la catastrophe du 11 mars 2011 et le 17 mars 2011, Roger Nymo, l’un des nombreux lanceurs d’alerte concernant ce sujet, évoquait un pire qui serait à venir. lien
Le pire ? Nous y voila maintenant, et le 6 aout 2013, Shinji Kingo, responsable de la NRA (autorité de régulation nucléaire japonaise) à décrété une situation d’urgence.
Cette eau déversée dans le Pacifique est chargées de 20 et 40 milliards de becquerels (tritium, de strontium, de césium et d’autres éléments radioactifs), soit plusieurs dizaines de milliers de fois la dose limite admise pour l’eau de mer. lien
Cette carte montre de quelle manière ces fuites se produisent.
Alors bien sur, Tepco assure qu’il va colmater les fuites en injectant dans le sol un produit chimique afin de le rendre étanche, solution qui d’après le quotidien japonais Asahi, ne serait pas du tout efficace au niveau des nappes phréatiques. lien
Arnold Gundersen, scientifique reconnu par ses pairs comme expert en matière nucléaire, est convaincu qu’il n’y a aucun moyen d’empêcher cette eau de rejoindre l’océan, et que cela durera pendant au moins 20 à 30 ans. lien
Comme le dit Laure Hameaux, porte parole du réseau « Sortir du Nucléaire » : « pour nous ce n’est pas une surprise. Nous travaillons avec des experts indépendants depuis le début de la catastrophe. Il ne pouvait pas en être autrement, l’accident de Fukushima ne pouvait qu’empirer. Il ne pouvait pas être réglé en quelques semaines » ajoutant : « les océans vont être contaminés, et par conséquence toute la chaîne alimentaire de ce millier aquatique » et concluant au sujet de la solution envisagée par Tepco concernant les nappes phréatiques : « on va pouvoir pomper une partie de l’eau, mais la radioactivité va rester. On ne peut pas la faire disparaitre. Il n’y a pas de solution (…) les ennuis ne font que commencer ». lien
D’ailleurs, dès le mois d’octobre 2012 Ken Buesseler, chimiste à l’institut océanographique de Wood Hole, s’interrogeait sur les raisons de l’importante radioactivité trouvée sur les poissons péchés au large de Fukushima, supposant déjà des fuites provenant de la centrale. lien
La situation s’aggrave donc à Fukushima, d’autant que les 3000 techniciens et ouvriers qui tentent de préparer le démantèlement de la centrale dévastée sont en permanence confrontés à de nombreuses avaries dans des lieux rendus inaccessibles compte tenu du niveau élevé de radioactivité. lien
Shinji Kingo, patron de la NRA, s’inquiète des lacunes dont fait preuve l’exploitant nucléaire et Mitsuo Uematsu du centre pour la collaboration internationale se veut rassurant, déclarant : « jusqu’à ce que nous connaissions la densité exacte et le volume de l’eau polluée qui se déverse, je ne peux pas honnêtement spéculer de l’impact sur la mer ». lien
Affirmation qui vient d’être démentie.
Un autre veilleur de Fukushima, Etienne Servant, raconte, dans un communiqué récent ce qui s’est passé, et comment on en est arrivé là, rappelant que cette pollution de l’océan n’est pas une nouveauté, et qu’elle est effective depuis le premier jour de la catastrophe.
Le mur en béton que Tepco avait construit pour empêcher ces fuites vers l’Océan a finalement provoqué une accumulation de l’eau contaminée, et un débordement fatal dans la mer.
Dénonçant le silence consternant et complice de la plupart des médias, Servant a décidé de s’embarquer dès le 3 mai 2014 dans un voilier et de rejoindre le Japon en passant par le détroit de Bering et la mer de Chine avec comme but de faire des mesures de la contamination tout au long de son voyage. lien
En effet, c’est maintenant sur l’autre rive du Pacifique que l’inquiétude s’installe, car Joseph J.Mangano et Janette Sherman, chercheurs notoires, ont constaté dans un rapport récent , d’une part un niveau élevé de radioactivité sur la cote Ouest des USA, et d’autre part une tendance à l’hypothyroïdie chez les nouveaux nés américains, après la catastrophe de Fukushima.
Pour arriver à ce constat, les chercheurs se sont basés sur des mesures relevées dans 18 sites situés sur la cote Ouest des Etats Unis. lien
Mangano et Sherman ont étudié l’hypothyroïdie congénitale chez les nourrissons nés entre mars 2011 et novembre 2011, en se basant sur des tests de dépistage néonatal. lien
Résultat : ces cas d’hypothyroïdie congénitale sont en augmentation de 16% dans les 5 états qui bordent le Pacifique, et dès mars 2011 des concentrations d’iode radioactif avaient été mesurées jusqu’à 211 fois supérieures à la norme autorisée. lien
D’ailleurs, dès le 6 avril 2013, les 2 chercheurs américains avaient mis en garde les populations du risque que représentait Fukushima, malgré les assurances données par les responsables gouvernementaux américains, affirmant qu’il n’y avait rien à craindre de la catastrophe japonaise.
Avec ce nouvel épisode de déversement de radioactivité dans l’Océan Pacifique, il est a craindre que la chaine alimentaire ne soit durablement touchée, car même s’il est vrai que cette énorme quantité de radioactivité sera dispersée dans l’océan, il est vraisemblable que la radioactivité va bientôt se trouver dans nos plats quotidiens, et qu’il va falloir être très attentifs à la qualité des poissons qui seront proposés aux étalages de nos poissonniers.
En effet, le vrai problème ne concerne plus seulement le Japon aujourd’hui, mais une bonne partie de la planète, car si les USA admettent maintenant être concernés par la catastrophe japonaise, par le biais de la chaine alimentaire, nous allons être tous plus ou moins touchés.
On sait que les poissons se nourrissent de plancton, les petits étant finalement mangés par les plus gros, lesquels se retrouvent dans nos assiettes.
Or la pollution radioactive se fixe d’abord sur les plantes, le plancton, les algues, et elle se retrouvera finalement concentrée dans les gros poissons.
Si les facteurs de concentration du césium sont de l’ordre de 50 pour les mollusques et les algues, ils montent à 400 pour les poissons.
Comme le césium 137 a une période (ou demi-vie) de 30 ans, l’accumulation de ce dangereux produit radioactif va se prolonger pendant un siècle, avec les conséquences que l’on imagine pour les poissons et les humains qui les mangeront.
Considérant qu’il est quasi impossible de tout contrôler, quelle garantie avons-nous aujourd’hui sur l’éventuelle nocivité des poissons que l’on nous propose à la vente en Europe ?
D’autre part, alors que l’on considérait jusqu’à récemment qu’il n’y avait pas d’échange entre le Pacifique Nord et le Pacifique Sud, on sait aujourd’hui que l’importante barrière formée par les courants équatoriaux n’empêchent pas que des échanges se produisent. lien
Déjà au mois d’aout 2011, 15 thons pêchés au large de San Diego présentaient des niveaux de césium relativement élevés. lien
Plus tard, en juillet 2013, un bar, capturé au large du Japon a révélé un niveau de radioactivité 10 fois supérieur à la limite organisé, soit 1000 Bq/k, (lien) ce qui n’est rien par rapport au poisson péché en janvier 2013 qui lui, présentait un niveau impressionnant de radioactivité, égal à 254 000 Bq/k. lien
Pour finir, au-delà de ces rejets dans l’océan et des poissons contaminés, le problème avec les vapeurs radioactives qui s’échappent du réacteur n° 3 perdure, et si parfois, on ne les perçoit plus, c’est seulement du à la différence de température extérieure.
Le matin, quand l’air est frais, les vapeurs sont visibles, et disparaissent dans la journée, avec l’augmentation de la chaleur, mais la radioactivité continue pourtant de s’échapper, même si elle n’est plus visible. lien
Or ce réacteur est le plus problématique, puisqu’il fonctionnait avec du MOX, contenant du plutonium, et cela va faire au moins un mois que cette vapeur s’échappe du réacteur. lien
Ajoutons pour la bonne bouche que la piscine du réacteur n°4 contient toujours 1535 barres d’uranium, et que, si depuis le mois de mars 2013, Tepco a démarré la construction d’une structure métallique destinée à les recevoir, la situation demeure préoccupante, le moins qu’on puisse dire.
D’ailleurs, en avril 2012 Akio Matsumura, un diplomate japonais, avait déjà expliqué en 7 minutes de quelle nature était le danger qui planait autour de cette piscine de refroidissement. vidéo
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