La détérioration de l’image d’Emmanuel Macron
Le point le plus important qui ressort donc de
l’allocution du 10 décembre est bien que l’image du Président semble
aujourd’hui être irrémédiablement abimée. Elle est abimée par l’ampleur
de la répression qui a frappé le mouvement social, avec des centaines
d’arrestations arbitraires lors des manifestations du 10 décembre mais
aussi des violences policières qui, ne sont pas tolérables dans un Etat
de droit. Des personnes sont mortes, ou ont été estropiées. Les
responsabilités doivent être établies et les coupables punis.
Elle est abimée, aussi, par le temps qu’il a fallu à
Emmanuel Macron pour prendre la mesure de la colère populaire. Eut-il
fait les mêmes annonces lors de sa longue (53 minutes) allocution du 27
novembre, que la situation ne se serait probablement pas dégradée au
point où elle en est. En dépit de ses dénégations le manque d’empathie,
et tout simplement de compréhension, du Président pour les français qui
travaillent et qui voient leur situation empirer de mois en mois restera
dans les esprits. Président des riches il était devenu après les
premiers mois de son mandat ; Président des riches il restera.
Elle est abimée, enfin, sur la scène internationale.
Le Président jeune et réformateur s’est mué en un autocrate brutal et
fermé aux revendications des français. Mais, le Président français a vu
aussi son image considérablement abimée au sein de l’Union européenne.
Il se voulait le champion d’une réforme approfondissant les mécanismes
conduisant vers le fédéralisme. Avec un déficit annoncé désormais à plus
3,5% pour 2019 Emmanuel Macron va se retrouver sur la sellette tout
comme le gouvernement italien. Ironie de l’histoire : il devra user des
mêmes arguments que ceux utilisés par ces dirigeants qu’il condamnait
naguère pour leur « populisme » supposé. Il n’est pas sûr qu’il
apprécie. Emmanuel Macron sera dans l’incapacité d’argumenter pour les
réformes auxquelles il semble tant tenir. L’effondrement de sa politique
européenne, un effondrement déjà annoncé par l’intransigeance
allemande, est l’une des conséquences du mouvement des Gilets jaunes.
Jacques Sapir
SOURCE ET SUITE
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