mercredi 31 août 2016

UN PEU D' EVOLUTION POUR L' HUMAIN....

 J' AIMERAIS BIEN Y CROIRE, MAIS LE CHIFFRE DES ABANDONS DE CET ETE ME FONT DOUTER...



Il y a quelques années encore, soutenir la cause animale nous faisait passer au mieux pour un hypersensible inadapté, au pire pour un misanthrope. Aujourd’hui, celle-ci ne laisse plus personne (ou presque) indifférent. Que s’est-il passé ?
« On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un coeur ou on n’en a pas. » En ce début du XXI ème siècle, ces mots du poète Lamartine semblent enfin entendus. Si depuis l’Antiquité et tout au long des siècles, il y a toujours eu des hommes plus sensibles que d’autres à la cause animale (et souvent de grands humanistes, de Pythagore à Saint François d’Assise, de Voltaire, Diderot, à Zola ou Schopenhauer, entres autres), on ne s’est jamais autant ému du calvaire enduré par les animaux dont les images chocs tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Que ce soit la torture du chat Oscar par son maître en janvier 2014, l’assassinat du lion Cecil par un riche dentiste du Minesota en juillet 2015 ou la lente agonie des animaux d’élevage filmée en caméra cachée par l’association L214, ces images chocs ont révoltées la France entière. A la cinquième marche organisée par L214 le 2 juin dernier, on a dénombré entre 2500 et 3000 personnes manifestant pour la fermeture de tous les abattoirs, contre 500 lors de la première en 2012. Si les végétariens ne représentent que moins de deux millions en France, manger de la viande tous les jours est en passe de devenir aussi « démodé » que notre fameux menu « entrée-plat-dessert ». La cause animale, en Europe comme aux Etats-Unis, est devenue un combat citoyen de grande envergure.
Une longue réflexion engagée depuis des décennies
C’est à la fin des années 60 que naît, aux Etats-Unis, sous l’impulsion du philosophe Peter Singer, un véritable mouvement de “libération animale”, en réponse aux conditions concentrationnaires de l’élevage intensif (dénoncées avant lui par son homonyme, l’écrivain Isaac Bashevis Singer). D’autres voix, depuis, ont pris le relais : celle de la primatologue Jane Goodall, de l’écrivain Jonathan Safran Foer ( Faut-il manger les animaux ?  en 2011) ou du moine bouddhiste Matthieu Ricard (Plaidoyer pour les animaux  en 2013), par exemple. Des intellectuels, très médiatiques pour la plupart, se sont également engagés. Sous la pression, les politiques commencent à se réveiller. Début 2016, le FBI a enfin reconnu comme un crime de classe A (donc passible de plusieurs années d'emprisonnement) les actes de cruauté envers les animaux.
En protégeant ainsi leur bien-être, le Bureau Fédéral démonte du même coup l’idée reçue tenace qui voudrait que les amis des animaux soient ennemis de l’humanité. En effet, il s’avère que 70% des criminels les plus violents se sont d’abord « fait la main » sur les animaux ; tandis que les grands humanistes, de Pythagore à Léonard de Vinci, de Victor Hugo, Emile Zola à Einstein, les ont toujours défendus… La loi française du 28 janvier 2015 reconnaissant aux animaux le statut juridique d’« être vivant doué de sensibilité » est ainsi le fruit d’une longue réflexion engagée depuis des décennies.
« Mais pour que l’ensemble de la société se sente concerné, il faut bien plus qu’un combat porté par quelques sensibilités individuelles, aussi influentes soient-elles, fait remarquer le célèbre psychiatre éthologue Boris Cyrulnik, auteur de Ivres paradis, bonheurs héroïques » (Odile Jacob). Notre rapport aux animaux est indissociable du contexte culturel, économique, technologique. » Et la France a beau avoir adopté la loi du 28 janvier 2015, elle accuse encore, par rapport à certains pays comme l’Inde ou la Finlande, un réel retard en matière de protection animale (autorisation des zoos et delphinariums, de la corrida, vivisection à l’école, quasi absence d’’enseignement de l’éthique animale dans nos universités, non-reconnaissance de leurs droits dans la Constitution…) Pour autant, comme l’attestent maints observateurs, la révolution est en marche. L’attrait croissant du végétarisme chez les jeunes le prouve. Alors, comment en est-on arrivé là ?
L’évolution de la science
En 2012, la Déclaration de Cambridge, signée par un groupe d’éminents scientifiques, affirme que “les animaux non humains, soit tous les mammifères, les oiseaux, et de nombreuses autres créatures, comme les poulpes, possèdent aussi les substrats neurologiques qui produisent la conscience. “L’éthologie * et la neurobiologie ont mis en lumière la capacité des animaux - à comprendre, à éprouver de l’empathie, à élaborer des projets, à confectionner des outils, à faire preuve de solidarité, à anticiper le temps, détaille Boris Cyrulnik. Ils partagent avec nous beaucoup plus de choses que ce que l’on croyait.” Ce qui nous pose un sérieux problème éthique : peut-on tout se permettre avec des êtres vivants sensibles qui possèdent leur propre univers mental, leur propre langage ? “La question s’était posée avec les nouveaux-nés qu’on opérait encore dans les années 60 sans anesthésie parce qu’on les considérait comme de simples « tubes digestifs », par manque de connaissances et parce qu’ils ne parvenaient pas à se faire comprendre”, rappelle le psychiatre.
Il en va de notre survie
L’impact de l’élevage industriel ou de la pêche intensive sur l’environnement n’a plus de secret pour les experts du développement durable (voir encadré). “Nous réalisons enfin que l’homme fait partie d’un “grand tout”, que son sort dépend de celui des autres espèces vivantes, souligne le philosophe Fabrice Midal, auteur de “Comment la philosophie peut nous sauver” (Pocket). L’essor du bouddhisme en Occident, qui a fait de “l’interdépendance” l’un de ses principes fondateurs, n’est sans doute pas étranger à cette prise de conscience.” Cette « urgence » écologique nous force à réagir. Pour Brigitte Gothière, co-fondatrice de l’association L214, “les citoyens n’ont plus envie de remettre leur sort, celui des animaux et celui de la planète aux mains des politiques. Ils ont compris que, pour faire changer les choses, ils disposaient d’un levier efficace : adopter une alimentation végétale qui suffit à pourvoir tous nos besoins en protéines, quoi qu’en disent les lobbies de l’industrie de la viande.”
La souffrance nous est devenue insupportable

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