mardi 15 janvier 2013

VIANDE ROUGE.... MORTALITÉ

Une étude américaine menée par des chercheurs de la faculté de santé publique d'Harvard a démontré l'existence d'un lien entre la consommation de viande rouge quotidienne et l'augmentation du risque de mortalité. On trouve cette publication dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Une étude de longue haleine

Pour publier de tels résultats, les chercheurs d'Harvard ont analysé des données de deux études ayant porté sur plus de 120 000 hommes et femmes, suivis en moyenne pendant 24 ans. Durant cette étude, près de 24 000 participants sont morts : le taux de décès de ceux qui consommaient le plus de viande rouge était plus élevé que celui des autres.

Consommer une portion de viande rouge par jour augmente le risque de mortalité

Les personnes consommant le plus de viande rouge fraîche (bœuf, porc, agneau) par jour voient leur risque de mortalité augmenter de 13% par rapport à ceux qui n'en consomment pas ou peu. Lorsque la viande est transformée (bacon, saucisses, salami, jambon…)[1], ce risque grimpe à 20 %.
Une consommation régulière et importante de viande rouge accroît donc les risques de mortalité par maladies cardiovasculaires, diabète ou cancer, d'après les chercheurs. Ceci pourrait être du à la présence de gras saturés, de cholestérol, de sel et de fer dans la viande. Cuire la viande à très haute température pourrait également générer des substances cancérigènes.
Aux États-Unis, plus des trois quarts des 2 600 milliards de dollars annuels de dépenses de santé portent sur des maladies chroniques. Réduire sa consommation de viande rouge réduit les risques de mortalité et donc les coûts pour la société.

Une étude mal comprise par les médias américains

Il s'agit de la plus longue et la plus large étude menée à ce jour sur le sujet, c'est pourquoi les résultats ont fait beaucoup de bruit. La parution de l'étude a alarmé les médias américains, qui ont publié des articles aux titres apocalyptiques tels que « la viande rouge va-t-elle vous tuer ? ». Le lien entre viande rouge et risques de maladies est pourtant connu depuis longtemps. Pour les carnivores et les amoureux de viande rouge, il ne s'agit pas de renoncer définitivement à en consommer, mais d'en limiter la consommation.
D'ailleurs, une étude japonaise publiée en 2012 et menée sur plus de 51 000 personnes pendant 16 ans n'a pas trouvé de lien entre une consommation modérée de viande (jusqu'à 100 g par jour, soit l'équivalent de 4 tranches de jambon) et une hausse du taux de mortalité. L'année précédente, une autre étude menée par des chercheurs d'Harvard n'avait pas trouvé de lien avec la consommation de viande fraîche, mais elle en avait trouvé avec de la viande transformée.
De plus, les chiffres trouvés concernent des extrêmes : les taux de mortalités observés sont ceux des personnes consommant le plus de viande rouge. Si l'on considère une consommation modérée, les chiffres sont bien moins alarmants. Ces résultats sont donc à relativiser, même s'ils sont tout à fait sérieux : il est bénéfique pour la santé de substituer d'autres produits à la viande rouge.

Par quoi peut-on remplacer la viande rouge ?

Lorsque la viande rouge est remplacée par du poisson, de la volaille, mais aussi des noix, des légumes secs, des laitages allégés ou de céréales complètes, le risque de mortalité peut descendre jusqu'à 7%, selon les chercheurs.
La viande rouge est une importante source de protéines, qu'il ne faut pas sacrifier dans son régime alimentaire. C'est pourquoi végétariens ou végétaliens[2] consomment des protéines d'origine végétale. Car les alternatives à la viande rouge sont nombreuses : le quinoa, les noix, les lentilles, le soja, le beurre d'arachide, le fromage, les haricots, les céréales (complètes) et les brocolis sont de très bonnes sources de protéines.
Le régime méditerranéen (ou crétois) peut être une solution, selon les chercheurs : on consomme en abondance des produits céréaliers complets (pates complètes, pain complet ou aux céréales, flocons d'avoine...) des fruits et légumes, de l'ail, des épices, des aromates, de l'huile d'olive. Quotidiennement, les crétois mangent des légumineuses, des noix, des graines, des yaourts, du fromage, et un peu de vin rouge. Plusieurs fois par semaine ils consomment du poisson, mais en revanche limitent le poulet, les œufs, les aliments sucrés, et mangent très peu de viande rouge (seulement quelques fois par mois). Ce mode d'alimentation est bénéfique pour la santé parce qu'il combine une grande variété d'aliments et une faible quantité de mauvaises graisses. À méditer, peut-être.

Diminuer sa consommation de viande rouge, c'est aussi bon pour la planète

La consommation de viande rouge a aussi un coût environnemental. Les animaux et notamment les vaches d'élevage rejettent du méthane, un gaz dont l'impact sur le réchauffement climatique est 25 fois plus puissant que le carbone. Selon la FAO, les élevages seraient ainsi responsables de 18% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ainsi, d'après une étude de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), diminuer sa consommation de viande rouge pourrait réduire l'empreinte carbone de presque 28 millions de tonnes par an.
De plus, les bêtes d'élevage ont besoin de céréales pour être nourries, céréales qui sont copieusement arrosées et impactent les réserves en eau potable. Alors que la démographie mondiale croît exponentiellement, trouver des produits de substitution à la viande paraît plus que nécessaire...

Référence

Red Meat Consumption and Mortality. Results From 2 Prospective Cohort Studies. An Pan, PhD; Qi Sun, MD, ScD; Adam M. Bernstein, MD, ScD; Matthias B. Schulze, DrPH; JoAnn E. Manson, MD, DrPH; Meir J. Stampfer, MD, DrPH; Walter C. Willett, MD, DrPH; Frank B. Hu, MD, PhD - Arch Intern Med. 2012;172(7):555-563. doi:10.1001/archinternmed.2011.2287 ; Journal of the American Medical Association (JAMA).

Notes

  1. La plupart des charcuteries (comme le jambon) contiennent bien souvent des conservateurs comme le nitrite / nitrate de potassium et le nitrite / nitrate de sodium. Or, ces additifs alimentaires se combinent avec les protéines de la viande pour donner des nitrosamines, hautement cancérigènes. Attention ! Ils sont autorisés dans les produits BIO.
  2. Le végétalisme exclut toute chair animale, mais également les produits dérivés d'animaux comme la gélatine et ce qu'ils produisent (œufs, lait, miel, etc.).

Auteur

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