Ce lundi, le tribunal correctionnel de Versailles a rendu son jugement concernant le procès de nos enquêteurs à l'abattoir de Houdan dans les Yvelines.
Tony et moi avons été condamnés,
chacun, à 6 000 euros d’amende dont 5 000 avec sursis pour être entrés,
sans autorisation, dans la salle d’abattage afin d’aller y installer des
caméras.
Ironie ! Pour avoir frappé violemment les cochons, l’employé de l’abattoir ne risque quant à lui qu’une contravention de 4e classe pour mauvais traitement, soit 750 euros au maximum.
Les images qui nous ont valu cette condamnation et que nous avons pu récupérer montrent des cochons paniqués, s’asphyxiant lentement dans un dispositif de gazage au CO2.
Dans son rapport d’inspection, le contrôleur des services vétérinaires a
indiqué qu’il n’avait pas entendu de cris d’animaux… À la vue des vidéos, chacun pourra en juger.
Le droit à l’information implique l’accès à
la connaissance des faits. Pour L214, cela implique de se rendre sur le
terrain et parfois de prendre des risques pour filmer ce qui est caché
derrière les murs des abattoirs. Aujourd’hui, ce droit à l’information a
un prix. Nous espérons qu’à l’avenir, il sera pleinement reconnu, et
que l’intérêt général ainsi que celui des animaux seront plus importants
que la protection d'intérêts privés.
Sans ces images, impossible pour
le public de connaître la réalité du calvaire des animaux au moment de
leur mise à mort, pas de débat sérieux et aucune remise en cause
possible.
Jusqu’ici, les images révélées par
l’association dans différents abattoirs ont permis l’ouverture
d’enquêtes pénales et la condamnation des auteurs de mauvais traitements
par les tribunaux. Elles sont aussi à l’origine de la création d’une
Commission d’enquête parlementaire sur les conditions de mise à mort des
animaux et ont mis au jour, via un audit ordonné par Stéphane Le Foll,
alors ministre de l’Agriculture, que 80% des chaînes d’abattage
présentaient des non-conformités.
Un élément positif tout de même : la
tentative d’atteinte à la vie privée de l’abattoir et de son directeur
n’a pas été retenue par le tribunal. Les parties civiles (FDSEA Ile de
France, FNICGV, Monsieur Harang, directeur de l’abattoir et la société
Harang) ont été déboutées de toutes leurs demandes.
Le soutien de l’opinion publique à
l’action de L214 est très fort, à l’image des propos du député Olivier
Falorni, président de la commission d’enquête parlementaire sur les
abattoirs, qui a déclaré dans une interview au journal Sud Ouest : « [...] l’association
joue [...] un vrai rôle de lanceur d’alerte. Ils sont fiables, ce
qu’ils dénoncent est exact. D’ailleurs, c’est la première association
que nous avons auditionnée.»
Soyez assurés que nous continuerons à remplir notre mission d’information et de sensibilisation.
Il serait injuste et criminel de laisser les animaux à la merci de ceux
qui font commerce de leur corps. Dans une démocratie saine et vivante,
nous devons pouvoir mener des débats sur la base d’éléments factuels et
honnêtes. Nous devons aussi avoir le courage de remettre en cause nos
habitudes alimentaires. La viande n’est pas un produit banal, c’est la chair d’un animal qui aurait aimé vivre libre et heureux.
Ouvrons les yeux sur les abattoirs !
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