SOURCE ET SUITE
A la suite des scandales provoqués par les vidéos de L214, le journaliste indépendant Geoffrey Le Guilcher a décidé de se mettre dans la peau d'un ouvrier pour découvrir, par lui-même, l'intérieur des abattoirs. Il raconte.
Depuis deux ans, l'association L214 diffuse des vidéos violentes tournées à l'intérieur des abattoirs. Les actes de cruauté envers les animaux y sont fréquents. J'ai donc eu envie de savoir ce qu'il y avait derrière: comment cela se passe réellement? L'abattoir rend-il les gens violents? Je voulais me détacher de cette image du fou qui se défoule gratuitement sur les bêtes en tenant moi-même le couteau. J'ai décidé d'intégrer, en intérim, un abattoir géant qui abat deux millions d'animaux par an.INTERVIEW >> Caméras dans les abattoirs: L214 n'attend "pas de miracle"
Pour me faire embaucher, j'ai dû m'inventer un faux passé, changer d'identité et modifier mon apparence. Je me suis rasé le crâne et j'ai troqué mes lunettes de journaliste parisien pour des lentilles.
"Je prenais toutes les drogues que mes collègues prenaient"
L'idée était de raconter aussi bien la vie dans l'usine qu'en dehors. Le travail à la chaîne et les défonces nocturnes. Je prenais toutes les drogues que mes collègues prenaient, je voulais vraiment réaliser une immersion totale en allant chercher des histoires que l'on ne raconte pas dans l'enceinte de l'usine.Une fois à l'intérieur, j'ai très rapidement réalisé qu'on ne pouvait pas comprendre la violence faite aux animaux si on ne comprenait pas celle faite aux hommes dans un abattoir. Les cadences y sont
infernales: chez Mercure [nom de l'entreprise modifié pour le livre], une vache est tuée chaque minute. Sur l'ensemble du territoire, près d'un milliard de bêtes sont abattues chaque année. Or, d'après le ministère de l'Agriculture, un animal sur cinq est mal étourdi avant d'être égorgé. Cela laisse imaginer l'ampleur des souffrances inutiles infligées. Mais du point de vue de l'ouvrier, comme la production prime sur le reste, l'animal qui résiste complique sa tâche. La bête devient donc un ennemi pour celui qui doit le découper. Nous sommes mis en situation extrême, on nous demande l'impossible.
SUITE A NE PAS MANQUER..
DONT:
Selon les ouvriers, il n'y a pas réellement de maltraitance animale au sein de l'abattoir. Tous ont pourtant assisté à des scènes horribles. D'après l'un de mes collègues, un taureau a même continué à se débattre après avoir été égorgé, alors qu'on lui avait tranché les pattes. Grosse frayeur. Mais pour les ouvriers, ce type d'incident est inévitable.
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