vendredi 21 avril 2017

GUERILLA, LAURENT OBERTONE



 Guerilla par Obertone


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""Renaud Lorenzino n'ignorait rien de la situation. Et sa vision des choses était si noire, si pessimiste que pas un de ses adversaires, de droite ou d'extrême droite, n'oserait le soutenir publiquement. Pour lui, tout était perdu. Il n'y avait plus qu'à fuir. Dans les ascenseurs de Radio France, voici une heure à peine, il tenait encore d'en convaincre une ancienne conquête.
"Je vais te dire ce qui se passe. Il n'est plus question de l'habituelle petite guerre entre touristes et terroristes. La folie est lâchée dans les rues. Cette nuit tout sera pillé, détruit, sans distinction ni logique. Les itinérants et assimilés s'en donneront à cœur joie. Les petits Blancs des villes ont pris fait et cause pour ces malheureuses victimes de la société, comme nous le leur avons appris. Les petits Blancs des champs se tairont et attendront, parce qu'ils ne savent faire que cela. Pendant ce temps, le terrorisme va donner tout ce qu'il a, de peur de se faire voleras terreur et son chaos. Tous les employés qui font que ce pays tourne ne vont pas risquer leur peau pour leur travail de merde. Ils resteront chez eux. Il n'y aura plus de transports, de service, de communications, d'approvisionnements. Tous les circuits seront coupés. Finis les médicaments, la nourriture, le gaz, l'essence, l'eau potable, l'électricité, Internet, le téléphone, les secours, la police... Tout va s'effondrer. La ville va prendre feu. Des incendies gigantesques, puisqu'aucun pompier ne fera plus son travail, puisqu'aucun flic ne fera plus respecter la moindre loi. Ils seront livrés à eux-mêmes, ou affectés à des postes stratégiques prioritaires, qui ne consistent plus qu'à protéger les gens comme nous. Ailleurs, ce sera chacun pour soi. La rue est déjà livrée aux tirs, aux couteaux et aux flammes. Les moutons se terreront chez eux, où chercheront à fuir. Quant à nous, qui parlions hier de la France, parce que nous avions besoin de sa sueur pour payer nos orgies, nous devons l'abandonner au plus vite. Nous seuls en avons les moyens."
Elle avait objecté, sans vraiment y croire, que la force publique était puissante, et qu'elle pourrait reprendre le contrôle du terrain. Lorenzino s'était emporté.
"Mais réveille toi! L'Etat c'est quoi ? Trois cents milles fonctionnaires à peine, éparpillés dans des casernes et des commissariats, de par le pays. Cette force est dissuasive en un point précis, sûrement pas quant les adversaires sont des millions, et qu'ils se soulèvent le même jour, dans des centaines de villes et des milliers de quartiers, au sein même des corps constitués. Et tu sais trés bien qui gouverne. Tu sais très bien que ces institutions ne sont qu'une fiction. Tu sais très bien que ce pays est totalement castré. Tous ceux qui ont un semblant de responsabilités sont terrorisés par nos menaces. Personne ne fera rien, mets toi bien ça dans la tronche. N'oublies pas que je connais les meilleurs, à la sécurité intérieure. Ils n'ont pas joué aux cartes, ces dernières heures. Ils savent. Demain ce sera la panique totale, la majorité des habitants de ce pays violeront les lois pour se procurer des biens de premières necessités, en vue du chaos qui vient, qui est là. Ce sera la fin de toutes hiérarchies, de toutes les disciplines, de toutes les organisations, de toutes les confiances. Tout sera plié en trois jours. Les événements sont en marche, invincibles, et d'heure en heure feront de ce monde une chose qui n'a jamais été. Nous venons de perdre tout le pouvoir que cette société virtuelle a bien voulu nous concéder. Tout va cesser de faire illusion. Les comptes en banques seront vaporisés. Le papier va perdre toute sa valeur. Puis l'argent, les nombres, les lois, enfin les valeurs elles-mêmes vont disparaître. Ce sera la fin de la morale et la fin du verbe. Homo sapiens ne sera plus une espèce protégée. Tout ce qui comptera dans ce monde, ce sera la peur et les armes. Ce n'est plus une probabilité, c'est une certitude. Le miracle a pris fin. La France n'existe plus".""

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