SOURCE ET SUITE
Il ne se passe pas une journée sans que la presse ne nous révèle un
cas particulièrement odieux de maltraitance animale. En août 2015, une
chienne, dogue bordelais, était retrouvée enterrée vivante, lestée par
un sac de pierres, sur un terrain vague (le propriétaire vient d'être
condamné à huit mois de prison avec sursis). Quelque temps auparavant,
la France horrifiée découvrait Lucky, un jeune labrador de 2 ans, dans
un état de maigreur extrême (13 kgs, soit la moitié du poids normal).
Ses propriétaires n'avaient trouvé d'autre distraction que d'affamer la
pauvre bête, une situation qui, soit dit en passant, est loin d'être
exceptionnelle. Pour se convaincre de l'ampleur du phénomène, il suffit
de regarder sur internet les sites animaliers spécialisés (STOP à la
maltraitance des animaux par exemple): les images soulèvent le cœur et
l'indignation.
Chiens privés d'eau et de nourriture mais aussi d'espace, confinés dans
de sordides placards ou d'étroits balcons. Chiens privés de lumière, de
contacts humains. Chiens encore livrés aux intempéries ou attachés 24
heures sur 24 sans aucune possibilité de mobilité, en raison de longes
trop courtes. Chiens ou chats écrasés sur les routes (on en compterait
annuellement 8500 pour la seule île de la Réunion), culbutés sciemment
quelquefois (ce serait même un jeu en Guadeloupe).
Chiens mutilés
dont les têtes servent d'appât aux requins. Chiens massacrés à coup de
marteau. A ces exemples particulièrement édifiants, l'on pourrait
rajouter naturellement les taureaux sacrifiés dans les arènes à coup de
banderilles au nom d'une soi disant culture ancestrale, mais aussi les
combats de coqs, les expériences médicales, dont les chiens restent
victimes, même si le fait est peu connu mais heureusement contenu; l'on
pourrait rajouter encore toutes ces poules confinées dans d'étroites
cages au sein de vastes hangars industriels, toutes ces oies gavées de
force pour satisfaire les fins gourmets, amateurs de foie gras, tous ces
bœufs, agneaux, porcs, abattus lâchement, maladroitement parfois, dans
des abattoirs par des tortionnaires peu scrupuleux, au nom de la seule
rentabilité économique. L'imagination des hommes dans la cruauté semble
sans limites. Des milliers d'animaux sont ainsi maltraités, chaque jour,
en France, avec pour beaucoup la mort au bout de la barbarie.
Maltraitance, le mot est faible en réalité pour caractériser toutes ces
conduites indignes des hommes. Cette maltraitance, nous l'avons vu, est
multiforme. Derrière ce mot en effet se cachent non seulement des coups
portés sur des animaux, d'élevage ou de compagnie, sans défense, et qui,
tous, ne demandent qu'à vivre, mais aussi de véritables tortures. Cette
maltraitance, qui est universelle (le comble de l'horreur étant sans
doute l'extermination, chaque année, de 10.000 chiens en Chine pour une
soi disant fête rituelle), est aussi totale. Tous les animaux, nous
l'avons vu aussi, sont touchés: vaches, veaux, bœufs, porcs, moutons
pour ce qui concerne les animaux d'élevage, taureaux et coqs pour ceux
affectés aux loisirs distractifs, chats et chiens principalement pour ce
qui concerne les animaux de compagnie.
Nous devons dissocier ces trois grandes catégories de victimes animales.
C'est ainsi, nous semble-t-il, que l'on traitera chacune comme il faut.
Nous n'aborderons donc pas ici la question des animaux d'élevage promis
aux abattoirs: des associations, comme L214, s'en chargent depuis de
nombreuses années, montrant, films à l'appui, les brutalités infligées à
ces animaux avant leur exécution. Nous n'aborderons pas davantage la
question des animaux de ces loisirs meurtriers que sont les corridas et
les combats de coqs. Nous allons nous concentrer sur les maltraitances
infligées quotidiennement à ces animaux que l'on appelle "de compagnie",
maltraitances d'autant plus indignes, que ces animaux, par définition,
n'ont "vocation" ni à la mise à mort, ni à la torture, ni aux coups,
mais assurément au bien-être et à l'amour. Je parlerai donc de ces
animaux-ci, et, comme disait Fernand Méry, l'illustre vétérinaire, il y a
quelque soixante ans, "pourquoi dès lors ne pas commencer par le
chien?". Pourquoi pas en effe !
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