SOURCE ET SUITE
Il y a deux semaines, il était en tête des articles les plus lus du New York Times.
«Vegans Go Glam». Les vegans deviennent glamours. Cela fait un moment
déjà qu’aux Etats-Unis, Bill Clinton, Beyoncé ou Chrissie Hynde ont pu
faire leur outing végétarien sans peur du ridicule. C’est loin d’être le
cas en France, où aura lieu la Veggie Pride samedi et dimanche. Les
végétariens y sont encore pris dans la nasse de clichés divers : hippies
tristes et pâlots ou extrémistes nazillons. Sans parler des
authentiques vegans, qui ont poussé jusqu’à son terme la logique
végétarienne en refusant de consommer tout ce qui est issu de
l’exploitation animale (œufs, lait, cuir). Pourtant, ici aussi, les
représentations changent à grands pas.
Les Anglo-Saxons avaient depuis longtemps leurs penseurs du végétarisme, dont le plus fameux est Peter Singer. Son livre la Libération animale, paru en 1975, est traduit en une quinzaine de langues. «En
France, rares sont ceux qui s’exprimaient jadis contre l’élevage et
l’abattage industriels, en dehors des associations de protection
animale, commente la philosophe Corine Pelluchon, professeure à l’université de Besançon et blogueuse de Libé (1). C’est en train de changer, et les voix qui s’élèvent aujourd’hui sont très diverses.»
Des «réformistes», comme la sociologue Jocelyne Porcher, une ancienne
éleveuse qui milite contre l’élevage intensif, aux «abolitionnistes»,
comme la philosophe Florence Burgat, qui remettent en cause toute
utilisation de l’animal par l’homme. Très récemment, le bouddhiste
Matthieu Ricard, les journalistes Franz-Olivier Giesbert et Aymeric
Caron, la polémiste Marcela Iacub ont popularisé les notions de
bien-être animal - des soutiens populaires d’ailleurs plus ou moins
appréciés des vegans purs jus.
Les végétariens ont leur revue (les Cahiers antispécistes), leur festival (Estivales de la question animale), leur association phare, L214 (7 000 adhérents), qui promeut «un mode de vie qui n’exploite pas du tout les animaux», explique Brigitte Gothière, sa porte-parole : «284 000 personnes ont liké notre page Facebook. On a dépassé Greenpeace !»
Si végétarisme et bien-être animal manquaient un peu de visibilité
ces dernières années, on ne peut pas dire en revanche qu’ils manquent de
concepts. Les végétariens «éthiques» sont, a priori, des animalistes
qui combattent le spécisme - la hiérarchisation des êtres vivants en
espèces, l’espèce humaine étant au-dessus de toutes les autres - et le
carnisme - cette idéologie des mangeurs de viande, qu’on ne voit plus
tant elle nous paraît naturelle mais qui régit tous nos rapports à la
nature.
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