SOURCE ET SUITE
Ce qui est assez consternant c’est que
d’aucuns osent parler de la sauvagerie de l’abattage halal alors que
l’abattage classique en arrive à tronçonner des bêtes vivantes. Est-il
utile d’indiquer qu’une bête égorgée ne peut arriver vivante à l’étape
de la découpe. Sans oublier les poules dont les pattes cassent sous leur
poids tellement leur croissance est rapide ! Ce qui prouve, encore une
fois, que toute la question du halal (qui n’existe même pas en tant que
tel en France) n’est qu’une question politique liée à l’islamophobie
ambiante. Tout ceci n’est qu’une question d’argent, de rentabilisation
et d’industrialisation du vivant ! Tant que l’argent sera roi, le vivant
sera humilié.
Anne de Loisy, journaliste, est l’auteure d’une enquête sur la
filière de la viande.La journaliste Anne de Loisy avait enquêté en 2012
sur les abattoirs pour l’émission Envoyé spécial. Elle en a tiré Bon appétit ! Quand l’industrie de la viande nous mène en barquette (1), un livre très documenté paru fin février sur la filière de la barbaque, des éleveurs à nos assiettes.
Est-ce difficile d’enquêter sur la filière de la viande ?C’est
très compliqué parce que c’est hyper opaque. Les industriels refusent
les interviews et interdisent les tournages dans les abattoirs. Le
problème de la viande, c’est que c’est une industrie qui est dirigée par
trois personnes : les groupes Bigard, Terrena, et SVA Jean Rozé. Du
coup, rien ne sort.
Comment avez-vous eu accès aux abattoirs ?
J’ai d’abord demandé les autorisations officielles, qui m’ont été
refusées. J’ai fini par y avoir accès grâce à des intermédiaires,
notamment l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA). Je suis
entrée avec le directeur, qui m’a présentée comme l’une de ses
assistantes.
Lors de votre enquête, qu’est-ce qui vous a le plus choquée ?
Je ne me rendais pas compte à quel point l’industrialisation de la
viande était en marche. A tous les niveaux. Les élevages de 40
000 volailles, de milliers de cochons, de centaines de bovins… On est
loin des images de vaches dans les prés qu’on vend au consommateur. Mais
le plus impressionnant, c’est l’industrialisation de l’abattage. Faire
passer un animal de vie à trépas, c’est forcément un peu gore. Mais
l’industrialisation de cette étape-là est extrêmement violente : les
bêtes sont abattues à une telle cadence qu’elles sont encore vivantes au
moment où on les tronçonne. En plus, ce sont des conditions extrêmement
compliquées pour les ouvriers des abattoirs, qui travaillent dans le
froid, le sang, les odeurs…
D’où vient la viande que l’on trouve dans nos assiettes ?
Dans la restauration collective, 70% des bovins et 87% de la volaille
sont importés. Alors qu’on a des éleveurs qui crèvent de faim, et que
la profession compte entre un et deux suicides par jour. Quand les gens
chargés de nourrir une société se suicident à tour de bras, c’est qu’il y
a un souci quelque part ! Le paradoxe, c’est que nos belles races à
viande sont exportées et qu’on récupère des vaches laitières moins
chères, de mauvaise qualité. C’est toute l’aberration du système : les
industriels nous expliquent qu’on a une viande bas de gamme parce que le
consommateur veut une viande bon marché, alors que les prix ont
augmenté de 40% entre 1995 et 2010 pour le consommateur, mais n’ont pas
changé pour l’éleveur. Ces deux bouts de la chaîne sont les grands
perdants.
Vous expliquez qu’il n’y a pas assez de vétérinaires dans les abattoirs…
Les grands abattoirs ont choisi l’autocontrôle. Ça ne fonctionne pas,
parce qu’ils se retrouvent juges et parties. Les bouchers disent qu’ils
ont de plus en plus de carcasses qui arrivent avec des abcès. Eux les
enlèvent, mais après, tout ce qui part en industriel… C’est parfois mixé
! On n’arrivera pas à améliorer le système tant qu’on ne mettra pas
plus de vétérinaires pour contrôler les différentes étapes de
l’abattage.
Qu’est-ce que l’abattage rituel ?
C’est un abattage, halal ou casher, fait par des personnes habilitées. Pour les juifs, ce sont des chokhet, pour
les musulmans, ce sont des personnes qui possèdent une carte de
sacrificateur, remise par trois mosquées en France. Dans les deux cas,
ils tranchent complètement la gorge, et sont obligés de couper tous les
canaux, dont l’œsophage et la trachée. Abattage rituel ne signifie pas
qu’il est forcément sans étourdissement préalable. De plus en plus de
musulmans considèrent qu’un abattage avec étourdissement est halal si la
bête est tournée vers La Mecque et si le nom d’Allah est prononcé par
le sacrificateur.
Pourquoi certains abattoirs généralisent-ils l’abattage rituel ?
Plutôt que de nettoyer la chaîne entre chaque type d’abattage, et
donc stopper la production, les industriels préfèrent tout faire en
rituel, en se disant que les consommateurs n’ont pas besoin de savoir.
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