SOURCE ET SUITE
Est-il possible d’avoir une alimentation équilibrée tout en suivant le régime vegan ?
Dr Laurent Chevallier : Les régimes « à la mode » sont souvent excessifs. On a eu le régime hyperprotéiné, maintenant on a le vegan.
Mais physiologiquement, cela ne marche pas. Ces régimes fonctionnent
sur des déséquilibres nutritionnels. L’organisme a besoin d’une
diversité alimentaire. En revanche, le fait de manger moins avec une
tendance végétarienne, c’est une bonne chose.
Le régime végétarien est plus conseillé que le veganisme ?
Un régime végétarien peut être tout à fait viable si, par ailleurs,
il y a les combinaisons alimentaires suffisantes. La vitamine B12, par
exemple, est absolument indispensable pour la fabrication des globules
rouges et très rare dans le milieu végétal. Quand on est végétarien, les
œufs et les produits laitiers suffisent. Pour les végétaliens, c’est
beaucoup plus difficile. On peut en trouver en toutes petites quantités
dans les algues ou le quinoa. On voit aussi des déficits en vitamine D
qu’on trouve dans les poissons gras, le beurre ou grâce à l’exposition
au soleil. Ce n’est pas spécifique aux végétaliens, mais ce régime
accentue cette carence, qui favorise des pathologies telles que les
insuffisances cardiaques. Enfin, il y a le déficit d’apport en fer. Le
fer d’origine animale est plutôt bien assimilé, contrairement au fer
d’origine végétale. Avec un régime végétalien strict, il y a un risque
de grosses carences et de troubles de la nutrition. Je comprends le fait
de manger moins de produits carnés, mais il faut faire attention à ne
pas pousser à l’extrême. Physiologiquement, l’homme a besoin de ces
éléments qu’il ne sait pas synthétiser, comme la vitamine B12. Pour ma
part, je préconise à mes patients, cardiaques notamment, d’avoir une
« tendance » végétarienne qui est un mode de vie plutôt sain.
Les Français mangent-ils trop de viande ?
Oui. La consommation de viande est un malentendu. Historiquement, on
n’en a jamais beaucoup mangé. L’homme est un chasseur-cueilleur, mais un
piètre chasseur, en comparaison avec les bêtes carnivores. Ses sources
de protéines étaient d’une part les légumes secs et d’autre part les
insectes. La viande a ensuite été un marqueur social, car la chasse
était réservée aux nobles. Avoir accès à la viande était une preuve de
richesse. Aujourd’hui, la consommation de viande est tout à fait
excessive. Selon moi, 400 grammes de viande par semaine et une
alimentation équilibrée doivent largement suffire pour couvrir les
besoins en vitamine B12 et en fer.
Comment faire pour éviter les carences du régime vegan ?
En termes d’apports en protéines, ce n’est pas un problème. Les
végétariens font des combinaisons entre légumes secs et céréales. En ce
qui concerne les glucides, on en consomme déjà trop. Pour mieux
assimiler le fer végétal, on peut prendre des vitamines C. Pour la
vitamine B12, en revanche, c’est plus compliqué. Il faudrait prendre des
algues, mais aucune étude ne prouve que la consommation d’algues arrive
à suppléer au déficit d’apport en vitamine B12. Il faut également
prendre un supplément en vitamine D.
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