AU SUJET DE LA MANIF DU 29 MARS
Le Narg manifeste à nouveau aujourd’hui à Guéret. Non pour crier victoire, mais appeler à un autre combat, ailleurs.
« Mener désormais la lutte à Bruxelles »
La nouvelle, bien que pressentie, a provoqué un petit séisme, la semaine passée : la Sovialim, société porteuse du projet d'abattoir mixte (rituel et traditionnel) à Guéret, jette l'éponge. Une victoire pour le collectif Narg (Non à l'abattoir rituel de Guéret), dont la parole est portée par Aurore Lenoir. Interview.
Vous appelez à manifester aujourd'hui, bien avant l'annonce de l'abandon du projet. Cette action se transforme-t-elle donc en fête ? Non, ce n'est pas une fête, car il y a encore beaucoup d'animaux abattus sans étourdissement préalable, en France et en Europe. L'objectif de cette manifestation est de maximiser cette victoire à Guéret pour dissuader d'autres départements de soutenir des projets similaires. Ce n'est pas une fin, mais une étape, pour lancer une campagne auprès du Gouvernement et des instances européennes, contre l'abattage sans étourdissement et pour, dans l'attente, un étiquetage des viandes en fonction du mode d'abattage.
« Le pire est l'amalgame entre notre collectif et l'extrême-droite » n Vous êtes revenue à Guéret pour mener ce combat, est-ce à dire que vous allez le quitter pour porter le fer ailleurs ? Oui je suis revenue à Guéret pour combattre le projet d'abattoir, qui était un symbole car, au départ, il était annoncé comme le premier 100 % rituel en Europe. Non, nous ne laissons pas faire d'autres projets ailleurs mais nous ne pouvons pas être partout à la fois. Oui je vais rester en Creuse, d'abord parce que je m'y sens bien, et puis parce que nous voulons mener désormais la lutte à Bruxelles, ce qui prendra sans doute au moins cinq ans. Plus tard, j'envisage toujours de retourner dans l'humanitaire, au Laos.
n Durant ces mois de lutte, quels ont été les moments les plus difficiles ? Nous avons été attaqués de plusieurs façons mais le pire est l'amalgame que l'on a voulu faire entre les membres de notre collectif et l'extrême-droite. Je l'ai très mal vécu car je suis viscéralement opposée au discours tenu par ces gens-là.
n Mais lors de vos premières manifestations publiques à Guéret, le représentant local du Front national et quelques-uns de ses soutiens étaient présents… Oui, les deux premières seulement, et malgré le fait que nous leur ayons à plusieurs reprises demandé de ne pas venir, même sans banderole ou badges. Depuis, nous avons travaillé chaque jour sans relâche, parfois même comme un travail de police, pour identifier des personnes aux idées extrêmes qui cherchaient à se mêler à nos actions, ou diffuser des propos sur notre site Internet. Un travail de fourmi. C'est pourquoi je trouve totalement honteuse la récupération du candidat du Front national aux municipales, qui dit que l'abandon du projet d'abattoir est une victoire de son parti. Mais qu'ont-ils fait exactement ?
n Vos rapports avec les élus de Guéret et de l'Agglo ont-ils évolué au fil de mois ? Nous nous sommes heurtés pendant des mois à un mur de silence, voir de mensonges car on nous a soutenu qu'il n'y avait pas de compromis de vente avec la Sovialim avant d'entendre que celui-ci devenait caduc ! Au départ, on nous a traités avec moquerie, puis avec dédain avant que, notre mobilisation continuant et grandissant nous puissions être un peu mieux entendus, et par exemple reçus en préfecture. La rencontre et le débat avec Michel Vergnier, que nous souhaitions organiser avec du public, n'a cependant rien donné. Au final, dans tout ce conflit, j'ai entendu beaucoup d'affirmation, mais aucune réflexion sur l'idée qu'on imposait ce projet aux Creusois.
« Les passants étaient obligés de s'arrêter » n Vous avez choisi la forme du happening pour vos actions. Pour marquer le public, attirer les médias ? Oui, tout à fait. Je pense que la meilleure façon de faire réagir les gens et de leur montrer des images fortes, qui peuvent être même choquantes. Aujourd'hui tout le monde est sollicité de tous les côtés sur un grand nombre de sujets, là les passants étaient obligés de s'arrêter, de donner une opinion.
Vous cherchez aussi à réunir des personnalités connues… C'était la dernière étape à franchir, car une minute de discours d'une personnalité à la radio vaut des mois de travail de terrain pour sensibiliser le grand public. J'ai contacté Henri-Jean Servat, qui nous a mis en relation avec Corinne Touzet, Laurent Baffie ou Raphaël Mezrai. Alain Bougrain-Dubourg, lui, est venu me trouver pour dire qu'il nous soutenait. La prochaine à nous rejoindre est Dany Saval, la compagne de Michel Drucker, qui a créé le refuge pour animaux Li-za. Avec eux, et d'autres comme le Professeur Hubert Montagner ou le Docteur Yves Lahiani, nous allons monter un comité solide pour obtenir gain de cause à Bruxelles, et auprès du gouvernement. Les consommateurs sont avec nous, les études le montrent.
Propos recueillis par Julien Bigay
julien.bigay@centrefrance.com
La nouvelle, bien que pressentie, a provoqué un petit séisme, la semaine passée : la Sovialim, société porteuse du projet d'abattoir mixte (rituel et traditionnel) à Guéret, jette l'éponge. Une victoire pour le collectif Narg (Non à l'abattoir rituel de Guéret), dont la parole est portée par Aurore Lenoir. Interview.
Vous appelez à manifester aujourd'hui, bien avant l'annonce de l'abandon du projet. Cette action se transforme-t-elle donc en fête ? Non, ce n'est pas une fête, car il y a encore beaucoup d'animaux abattus sans étourdissement préalable, en France et en Europe. L'objectif de cette manifestation est de maximiser cette victoire à Guéret pour dissuader d'autres départements de soutenir des projets similaires. Ce n'est pas une fin, mais une étape, pour lancer une campagne auprès du Gouvernement et des instances européennes, contre l'abattage sans étourdissement et pour, dans l'attente, un étiquetage des viandes en fonction du mode d'abattage.
« Le pire est l'amalgame entre notre collectif et l'extrême-droite » n Vous êtes revenue à Guéret pour mener ce combat, est-ce à dire que vous allez le quitter pour porter le fer ailleurs ? Oui je suis revenue à Guéret pour combattre le projet d'abattoir, qui était un symbole car, au départ, il était annoncé comme le premier 100 % rituel en Europe. Non, nous ne laissons pas faire d'autres projets ailleurs mais nous ne pouvons pas être partout à la fois. Oui je vais rester en Creuse, d'abord parce que je m'y sens bien, et puis parce que nous voulons mener désormais la lutte à Bruxelles, ce qui prendra sans doute au moins cinq ans. Plus tard, j'envisage toujours de retourner dans l'humanitaire, au Laos.
n Durant ces mois de lutte, quels ont été les moments les plus difficiles ? Nous avons été attaqués de plusieurs façons mais le pire est l'amalgame que l'on a voulu faire entre les membres de notre collectif et l'extrême-droite. Je l'ai très mal vécu car je suis viscéralement opposée au discours tenu par ces gens-là.
n Vos rapports avec les élus de Guéret et de l'Agglo ont-ils évolué au fil de mois ? Nous nous sommes heurtés pendant des mois à un mur de silence, voir de mensonges car on nous a soutenu qu'il n'y avait pas de compromis de vente avec la Sovialim avant d'entendre que celui-ci devenait caduc ! Au départ, on nous a traités avec moquerie, puis avec dédain avant que, notre mobilisation continuant et grandissant nous puissions être un peu mieux entendus, et par exemple reçus en préfecture. La rencontre et le débat avec Michel Vergnier, que nous souhaitions organiser avec du public, n'a cependant rien donné. Au final, dans tout ce conflit, j'ai entendu beaucoup d'affirmation, mais aucune réflexion sur l'idée qu'on imposait ce projet aux Creusois.
« Les passants étaient obligés de s'arrêter » n Vous avez choisi la forme du happening pour vos actions. Pour marquer le public, attirer les médias ? Oui, tout à fait. Je pense que la meilleure façon de faire réagir les gens et de leur montrer des images fortes, qui peuvent être même choquantes. Aujourd'hui tout le monde est sollicité de tous les côtés sur un grand nombre de sujets, là les passants étaient obligés de s'arrêter, de donner une opinion.
Vous cherchez aussi à réunir des personnalités connues… C'était la dernière étape à franchir, car une minute de discours d'une personnalité à la radio vaut des mois de travail de terrain pour sensibiliser le grand public. J'ai contacté Henri-Jean Servat, qui nous a mis en relation avec Corinne Touzet, Laurent Baffie ou Raphaël Mezrai. Alain Bougrain-Dubourg, lui, est venu me trouver pour dire qu'il nous soutenait. La prochaine à nous rejoindre est Dany Saval, la compagne de Michel Drucker, qui a créé le refuge pour animaux Li-za. Avec eux, et d'autres comme le Professeur Hubert Montagner ou le Docteur Yves Lahiani, nous allons monter un comité solide pour obtenir gain de cause à Bruxelles, et auprès du gouvernement. Les consommateurs sont avec nous, les études le montrent.
Propos recueillis par Julien Bigay
julien.bigay@centrefrance.com
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