Est-il légitime de s’intéresser au bien-être animal alors que le monde agricole est confronté à de douloureuses difficultés économiques et sociales ?
La réponse est oui, pour plusieurs raisons.
Voir au-delà de ses intérêts immédiats, se préoccuper de la situation à l’échelle planétaire et à long terme, ce n’est pas une simple attitude de « bobo ». C’est être attentif à tous les peuples de la terre, et à l’avenir de notre descendance. On dispose d’une documentation suffisante sur l’impact de l’élevage de masse et de la surconsommation de viande en termes de pollutions, de gaspillage des ressources en eau, de déforestation, de monopolisation des terres agricoles, de main-mise directe ou indirectes des grands groupes sur les agriculteurs locaux, d’effet de serre, ou de répercussions sur la santé. Des sites comme celui-ci ou celui-là l'exposent de façon documentée..
Et la réflexion éthique sur la condition animale participe aussi de cette responsabilité. Considérer les animaux comme de simples choses animées n’est plus une position tenable à notre époque. Il faut repenser notre relation avec eux, même si évidemment ceci ne se fera pas du jour au lendemain.
Je n’entrerai pas dans le débat sur la position végétarienne voire végétalienne ou vegan, dont les tenants et les aboutissants sont d'une immense complexité.
Soulignons que ces préoccupations ne méprisent aucunement le monde agricole, au contraire : c’est en changeant de modèle que l’agriculture pourra survivre, et retrouver sa place dans la société.
2) En tant que citoyens électeurs
Il nous appartient de faire pression sur les hommes politiques pour faire respecter les valeurs que nous défendons. Ceci est particulièrement important dans le domaine du traitement des animaux, puisque ceux-ci n’ont évidemment aucun moyen de se faire entendre, que ce soit par le bulletin de vote, le lobbying ou les manifestations !
Le nombre d'animaux sensibles concernés par l'agriculture française est pourtant vertigineux.
42 millions de mammifères vivaient dans des exploitations françaises fin 2012 (bovins, porcs, ovins, caprins, sans compter les lapins, non répertoriés).
Et le nombre de volailles s'élevait à 300 millions.
Quant aux chiffres d'animaux abattus en 2012 , ils étaient de 71 millions pour les mammifères (y compris ici les lapins), et de 1 milliard pour les volailles. Quoi, 1 milliard rien qu'en France ?? Ben oui.
3) En tant que citoyens consommateurs
Nous avons notre mot à dire sur les conditions de production de ce que nous mangeons
D’ailleurs le monde agricole est attentif à la préoccupation croissante des consommateurs pour le bien-être animal.
Ainsi, l’hebdomadaire La France Agricole (qu’a donc choisi François Hollande pour s’exprimer à la veille du Salon de l’Agriculture) consacre régulièrement des articles à cette question. Et les actions de L214 ou de CWF (Compassion in World Farming) y sont de plus en plus souvent rapportées.
4) Enfin, et ceci n’est pas négligeable dans les temps que nous vivons, en tant que citoyens contribuables
Payer des impôts censés assurer le bien commun est un devoir légitime dans une société démocratique.
Mais le cas de l’agriculture française est particulier : nous payons la PAC, la fameuse Politique Agricole Commune, qui subventionne l’agriculture française. Donc nous avons notre mot à dire sur le type d’agriculture que nous souhaitons, qu’il s’agisse des cultures ou des élevages.
La France est un des pays dont l’argent public contribue le plus aux recettes de l’UE (après l’Allemagne).
La PAC représente la plus grosse part des dépenses de l’UE (46 % en 2012).
Et la France est le pays qui reçoit la plus grosse part de la PAC (16%), avec 9,3 milliards € en 2012 (soit 73 % des aides totales reçues par la France !)
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