jeudi 1 octobre 2015

CRISE AGRICOLE.. ET LES ANIMAUX QUI Y PENSE DANS CE CHAOS????

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Il n'est pas besoin d'être spécialiste des questions économiques pour comprendre que la crise que connaît actuellement le monde agricole est profonde et durable.

La loi du marché fait tendre vers le bas les prix à la consommation et, en conséquence, les prix auxquels les producteurs sont contraints de vendre. Si on ne sort pas de cette logique, on ne peut éviter une fuite en avant vers un élevage toujours plus industrialisé afin de vendre davantage, tout en réduisant les coûts de production.
Cette logique d'une agriculture mondialisée, dominée par le seul critère de la rentabilité, aura pour effet de diminuer le nombre des exploitations, tout en rendant encore plus difficile la tâche des producteurs accordant la priorité à la qualité et soucieux de préserver les équilibres naturels.
Mais, dans les discours sur la crise agricole, on oublie le plus souvent une réalité pourtant essentielle. Ce dont on parle en termes de marchandises, de produits, ce ne sont pas des choses, des ordinateurs ou des automobiles, mais des êtres vivants, des animaux. Or, l'industrialisation croissante de l'élevage rendra plus douloureuse la vie de ces animaux qui est déjà, dans l'immense majorité des élevages, une vie de souffrance.
Confinés dans des espaces les contraignant à l'immobilité, ne voyant jamais la lumière du jour, les porcs, poulets et autres animaux ne sont plus que des machines que l'on engraisse avant de les mener, au plus vite, à l'abattoir. Habitués à cela, nous ne voyons pas la contradiction d'une situation où les animaux sont empêchés d'avoir une vie conforme à leur nature. On ne peut douter que ces animaux souffrent et les précautions d'hygiène, voire les soins de certains éleveurs, ne peuvent l'empêcher.
Depuis le 15 avril 2014, le Code civil reconnaît l'animal comme « un être vivant doué de sensibilité » et non plus comme « un bien meuble ». Cette reconnaissance marque une rupture fondamentale avec la conception, héritée de Descartes, d'un animal réduit à un assemblage de mécanismes et dénué de sensation.

« Reconnaître la sensibilité animale »

Être doué de sensibilité, l'animal ressent le plaisir et la douleur, l'expérience le montre depuis toujours, alors pourquoi n'en tirons-nous pas les conséquences ?
Certes, la considération du bien-être animal paraît bien légère face aux enjeux économiques et sociaux. Pourtant, la reconnaissance de la sensibilité animale nous oblige moralement à mettre en place, en tous domaines, des pratiques en accord avec cette reconnaissance.
Le Code pénal punit les « actes de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé, ou tenu en captivité ». Nous trouvons légitime que soit punie la maltraitance d'un animal domestique, mais n'est-il pas temps d'agir contre la maltraitance ordinaire due aux conditions d'élevage ?
L'erreur serait, de ce point de vue, de culpabiliser les éleveurs soumis à des contraintes qui les oppriment eux-mêmes. Le problème nous concerne tous car, en tant que consommateurs, nous avons tous un rapport avec l'élevage animal, mais aussi parce que notre rapport au monde animal, et au monde naturel dans son ensemble, engage notre avenir d'êtres humains.
(1) Yvan Droumaguet est philosophe.

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