Quel plan de sortie de l’euro pour l’Italie ?
L’actualité remet sur le devant de la scène le
problème de la sortie de l’euro de l’Italie. SI les bienfaits d’une
telle sortie, notamment en termes de possibilité de faire baisser le
taux de change de la nouvelle monnaie et ainsi de stimuler la
croissance, sont clairement identifiés[1][2], il faut se poser la
question de la mise en place concrète de ce projet.
SOURCE ET SUITE
Les mini BOTS en question
Des économistes proches du nouveau gouvernement
italien ont parlé de mettre en circulation comme une monnaie les bons du
trésor italien.[3] Ainsi une nouvelle monnaie existerait en parallèle
de l’euro et serait directement placée sous le contrôle du Trésor
italien, ce qui pourrait éventuellement servir à remplacer l’euro si la
BCE décide de couper l’alimentation en euro des banques italiennes.
Cependant, comme l’a montré Jacques Sapir[4],
l’existence de cette monnaie parallèle, quand bien même elle serait
reconnue par l’Etat, ne garantirait pas qu’elle puisse se substituer à
l’euro, car pour cela il faudrait qu’elle circule dans l’économie
italienne, ce qui est la caractéristique et la fonction d’une monnaie.
Les mini BOTS, s’ils étaient mis en place, fonctionneraient en effet
comme une nouvelle monnaie, mais sur un plan différent de l’euro, car
ils ne seraient rien d’autre que des promesses d’euros, sur le modèle
des actifs financiers qui sont tous des promesses de paiement. Mais tout
comme les actifs financiers ne circulent bien qu’en période de
confiance, et tendent à disparaître en période de turbulence et de
crise, ces mini BOTS auraient certainement du mal à s’imposer par
eux-mêmes comme une monnaie utilisée par tous. De plus dans leur
essence, ils ne se substitueraient pas à l’euro puisqu’ils seraient en
fait des promesses d’euro. Paradoxalement, Ils auraient donc en fait
besoin de l’euro pour fonctionner, et c’est là une faiblesse en cas de
coupure brutale de l’alimentation en euros par la BCE. Ils
fonctionneraient un peu à l’image des billets au temps de l’étalon-or,
au long du 18e et du 19e siècle, quand les billets étaient en fait la
matérialisation de promesses de paiement en monnaie métallique
réellement existante dans les banques. Ces billets étaient en fait des
promesses de paiement en monnaie métallique, leur solidité dépendait
donc de la monnaie métallique elle-même, même si des siècles
d’utilisation et de confiance ont fini par les faire considérer comme
une monnaie eux-mêmes, ce qu’ils n’étaient pas à l’origine. Mais cette
mutation s’est produite dans le temps long et dans une période de
confiance, et l’on peut donc dire que les mini-BOTS seraient une bonne
idée pour le moyen et long terme, mais ne seraient peut-être pas
suffisamment solides pour se substituer à l’euro à court terme.
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