S’empoisonner avec du lait, une mauvaise blague ?
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Bonjour,
Dans la cuisine de ma mère, il y avait quelques ingrédients sacrés. Le beurre, le lait, l’ail.
Alors
quand Corinne, ma femme, a suggéré que nous arrêtions de boire du lait
de vache, j’ai fait comme si je n’avais rien entendu.
Quand
elle a sorti des articles sur le lobby des produits laitiers, qui
pousserait à la consommation à travers de fausses recommandations
sanitaires, j’ai fait la sourde oreille.
Mais quand elle a parlé de cancer et de diabète
liés au lait de vache, et installé une bouteille de lait de soja
ostensiblement dans le réfrigérateur, j’ai décidé de creuser la
question.
Mon
lait de Normandie, cet aliment naturel, abondant, sain, riche et
délicieux favoriserait des maladies, serait responsable de
l’augmentation de l’obésité et nous imbiberait de pesticides ?
Voici ce que j’ai découvert.
Oui chérie, tu as raison ! Le calcium est un mauvais prétexte
Nous
avons appris que les produits laitiers sont nos amis pour la vie, parce
qu’ils nous permettent de fortifier nos os grâce au calcium. Mais ma
femme avait raison : certes, nos os contiennent du calcium, mais le lait
de vache n’en est pas la meilleure source.
Il est exact que nous devons continuer à prendre du calcium, une fois notre croissance terminée.
Il
sert à maintenir l’équilibre de notre pH sanguin, que notre corps
maintient en permanence à 7,4 soit très légèrement basique. À la moindre
acidification du sang, notre corps prélève du calcium dans nos os pour
basifier notre sang, c’est-à-dire rééquilibrer son pH. Sans apport
régulier complémentaire, vous risquez l’ostéoporose : une
décalcification des os qui les fragilise et augmente le risque de
fractures.
Malheureusement,
boire beaucoup de lait ne réduit en rien les risques de fracture. C’est
ce que démontre une étude de 2011, publiée dans l’American Journal of Public Health[1].
Les chercheurs à l’origine de cette étude ont suivi près de 80 000
femmes, âgées de 34 à 59 ans, sur une durée de 12 années. Résultat : une
consommation plus élevée de lait ou de calcium ne modifie aucunement le
taux de fracture.
Pourquoi
? Le cycle du calcium dans notre organisme est particulièrement
complexe. Plusieurs autres oligoéléments et vitamines entrent en jeu. Un
équilibre fragile s’établit entre des phénomènes contradictoires. Par
exemple, les protéines du lait participent à la formation osseuse, mais
contribuent aussi à acidifier le sang et donc à augmenter les
prélèvements de calcium.
Heureusement,
de nombreux aliments sont aussi riches en calcium que le lait et ont
une biodisponibilité équivalente ou meilleure. Le lait offre une
biodisponibilité du calcium de 30 % en moyenne. Cela signifie que 30 %
du calcium ingéré est métabolisé par l’organisme. C’est comparable à la
biodisponibilité du calcium que l’on trouve dans... l’eau du robinet !
Donc si vous voulez renforcer vos os grâce à l’alimentation, je vous conseille d’opter plutôt pour :
- du chou chinois (2 fois plus de calcium, et même biodisponibilité) ;
- des amandes (2 fois plus de calcium) ;
- des sardines (avec les arêtes, 175 mg de calcium pour 100 g contre 130 mg pour le lait) ;
- du cresson (même teneur en calcium, mais deux fois plus assimilé).
Ma femme avait raison : l’histoire du lait et du calcium, c’est une invention du lobby industriel pro-lait.
D’ailleurs, les recommandations officielles des autorités sanitaires françaises sont à la baisse : selon les repères de consommation révisés en 2017, il est dorénavant conseillé de consommer “seulement” 2 produits laitiers par jour (au lieu de 3 précédemment)[2].
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