NI ART NI CULTURE
ISABELLE NAIL
JE N' AIME PAS LE SUD DE LA FRANCE NI SES POPULATIONS.
EN GRANDE PARTIE PARCE QUE LA CORRIDA EST LEUR SEULE OCCUPATION .
COMME CULTURE AJOUTEZ LE FESTIVAL D' AVIGNON A LA CORRIDA ET VOUS AUREZ UN EXEMPLE DE DECADENCE ET DE PERVERSION
SOURCE
Isabelle Nail signe aux Éditions Astobelarra un essai à charge contre la pire des pratiques du Sud-Ouest. Pour évoquer, affirmer et confirmer sa position anticorrida, l’auteure a choisi de retracer un parcours qui la conduit de son Anjou natale aux festivités d’Arles et au choc premier ressenti à la vue d’une corrida. Rien ne la prédestinait à devenir un jour ...
... conseillère municipale dans une ville à vocation taurine et à s’opposer à ce jeu barbare, et pourtant, cette volonté allait déclencher un sacré remue-ménage, du jamais vu en ce fief garant d’une tradition espagnole revendiquée comme culture du sud de la France !
Dans les entrelacs de son récit, se glissent l’analyse des profils d’aficionados, le portrait de quelques toreras et toreros du passé et d’aujourd’hui, le symbolisme du sacrifice du taureau depuis les temps anciens, le rappel des jeux de Crète et de Rome, la recherche de l’impact de ce spectacle sur les enfants, la mise en évidence des influences familiales et environnementales.
S’ajoutent les épisodes d’une année exceptionnelle dans l’escalade d’un mouvement contre la perpétuation d’une tradition indigne, manifestations en forme de marée montante, relayées par de courageux députés, par des personnalités du monde politique et juridique, par des philosophes, écrivains, journalistes, artistes, scientifiques, psychiatres et psychologues... Protestations soutenues par des organisations structurées, fermement décidées à obtenir l’abolition de la corrida. Ce dernier vestige des jeux du cirque.
Préface du Professeur Hubert Montagner,Docteur ès-sciences (psychophysiologie), éthologue, ancien Directeur de recherches à l’INSERM.Postface de Michel BON, analyste jungien, psycho-sociologue et auteur.
Isabelle Nail est Analyste Jungienne et auteur de divers livres sur le sujet, mais aussi de romans. Pendant quelques temps élue municipale EELV à Dax, elle a été confrontée à l’une des pratiques les moins glorieuses du sud de la France : la corrida. «Ni art ni culture» raconte cette histoire et bien plus encore...
Astobelarra : Depuis le moment où nous t’avons sollicité pour nous écrire quelque chose et le moment où tu as terminé le livre, il s’est passé très peu de temps... Apparemment ça devait sortir non ?
Isabelle Nail : Il s’agit d’une
synchronicité ou coïncidence signifiante. La demande d’Astobelarra a été
formulée dans la période tourmentée de mon opposition à la corrida en
tant qu’élue (accompagnée de deux collègues écolos). Et
pourtant, depuis mon arrivée à Dax, je m’étais bien promis de ne rien
écrire sur ce sujet car je n’avais (pensais-je) rien de plus à en
dire... Le déclic premier a été l’intérêt porté par les gens de la FLAC
(Thierry Hély le porte-parole, le psychiatre Jean-Paul Richier, le
psychologue Joël Lequesne et le professeur Hubert Montagner) à mon
premier article repris dans le livre. Mais comme tu le dis, ça devait
sortir, et la rencontre de la demande avec ce qui était en gestation a
abouti au résultat que l’on sait.
Au premier abord, la demande m’a paru
difficile à réaliser, et ensuite j’ai été portée par ma créativité, la
structure s’est vite mise en place dans ma tête, m’empêchant de dormir,
comme toujours en période « active ». Je n’avais pas idée d’un temps
précis pour écrire ce genre de livre, les idées et les mots ont jailli
au bon moment. A la fin, j’ai eu l’impression d’avoir couru un marathon.
J’étais aussi stimulée par l’actualité des manifestations nombreuses de
2013 partout dans le Sud et par les événements dacquois où les trois
élus écolos ont été mis à rude épreuve...
Plus profondément, ce livre permet
d’évoquer le symbolisme du sacrifice du taureau et de revenir sur les
civilisations de l’antiquité. Mémoires que nous portons souvent à notre
insu. L’occasion m’est aussi donnée de tenter une approche psychologique
des partisans souvent passionnés de cette « tradition » et d’aborder le
sujet de la protection des enfants et des jeunes.
Astobelarra : Alors qu’il y a pléthore de livre sur la corrida, il y a très peu de livres «anti»... Comment expliques-tu cela ?
Isabelle Nail : J’ai du mal à
l’expliquer... Il semblerait que la corrida exerce une certaine
fascination sur quelques intellectuels et sur les médias entourant les
publications. Se positionner comme anti c’est tout de même se poser des
questions sur ce qui se joue de pervers en l’homme qui assiste ou
participe au spectacle tronqué de la corrida, c’est entrer en empathie
avec l’animal, refuser la mise en scène de la torture et de la mort,
c’est avoir une conscience morale, un sens de l’éthique.
Reste à savoir également si les livres sur la corrida se vendent bien...
Astobelarra : Tu parles d’ «entrer en empathie» avec
l’animal, d’éthique… N’est-ce pas là justement là le problème de
l’humain aujourd’hui avec la corrida, les élevages industriels d’animaux
d’élevage ou la disparition des espèces sauvages et celle de leur
territoire ?
Isabelle Nail : Est-ce qu’un jour les
hommes ont eu davantage de respect pour l’animal qu’aujourd’hui ?
Difficile à affirmer. Dans mon enfance, j’ai eu l’occasion à deux
reprises de constater le peu d’empathie envers l’animal qu’on va tuer...
J’ai vu des chiens attachés à la niche dans des cours de ferme à qui
l’on ne portait pas le moindre intérêt, ils étaient là pour garder. Les
tueries de cochon ne m’ont jamais paru ressembler à des fêtes, et
pourtant, elles l’étaient, le sont encore, pour certaines personnes...
La possibilité de consommer s’est
développée (et donc les élevages pour satisfaire les demandes à moindre
coût)... Mais peut-on prétendre qu’autrefois, en des temps plus anciens,
les hommes étaient plus empathiques, moins égoïstes, plus solidaires et
respectueux du vivant ? Les guerres, l’envie, les crimes ont toujours
fait partie du décor. Le déploiement des moyens de locomotion a permis
aux hommes de se rendre en territoires sauvages, là encore, pour
répondre à leur besoin de puissance, ramener des animaux pour le gain ou
les chasser pour compenser leur complexe d’infériorité. L’appât du gain
se passe de conscience morale et les hommes n’hésitent pas à détruire
les territoires convoités. C’est quand même l’histoire de l’humanité,
les conquêtes !
Je pense que l’empathie s’apprend pendant
l’enfance, au sein de la famille, ou auprès d’une personne qui transmet
le respect du vivant et sert d’exemple. Si l’on porte en soi l’histoire
familiale et celle de l’humanité, pour autant, je ne pense pas que le
nourrisson porte les gènes de la tauromachie (gènes de l’envie de se
mesurer au taureau pour le tuer), comme d’aucuns voudraient nous le
faire croire. Mais pour s’intéresser ou « réclamer » d’entrer à l’école
taurine, par exemple, encore faut-il avoir subi très tôt des influences
parentales et environnementales
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