Même si sa destination finale est l’étal de la boucherie, un comité scientifique se préoccupe du bien-être du porc. Il aborde les conditions de luminosité et de niveaux maximums de bruit dans les élevages; demande l’accès permanent des animaux à l’eau fraîche et à des matériaux de fouissage et de jeux; réclame une restriction des mutilations, ou postule l’augmentation de l’espace disponible pour les cochettes et les truies. Sur ce dernier point, les ministres européens de l’Agriculture ont décidé en 2001 que, pour le 1er janvier 2013 au plus tard, les truies, pendant une période de leur gestation, ne devraient plus être parquées dans des stalles individuelles, mais maintenues en groupe. Or aujourd’hui, 11 % des éleveurs belges ne se conforment toujours pas à la prescription européenne.
La statistique, communiquée par Laurette Onkelinx, en sa qualité de ministre du Bien-Être animal, en réponse à une question parlementaire, a valu à notre pays, le 21 février, une mise en demeure de la Commission : il lui restait deux mois pour mettre fin aux «insuffisances constatées» dans l’application de la législation de l’Union. D’ici à la fin du mois, il lui faudra répondre de manière satisfaisante à cette missive. Faute quoi, elle s’expose à un «avis motivé», lui laissant deux mois pour prendre les mesures nécessaires.
Et puis s’ouvrira la possibilité d’une procédure devant la Cour de Justice de Luxembourg, contre la Belgique, mais aussi contre l’Allemagne, Chypre, le Danemark, la France, la Grèce, l’Irlande, la Pologne et le Portugal, qui ont reçu le même avertissement qu’elle.
Pourquoi les exploitants ne se sont-ils pas conformés, en douze ans, aux exigences européennes? Conseillère au service d’études de la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA), Anna Granados évoque «les lourds investissements, qui ne s’amortissent qu’en 10 à 15 ans», et rappelle la crise du secteur, depuis 2008.
Laurette Onkelinx annonce, elle, des contrôles renforcés de l’AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire) sur les entreprises non-conformes, mais aussi sur les 8 % d’entre elles qui n’ont pas pris la peine de répondre à l’enquête menée en 2012 sur la question par le Service du Bien-être animal (cf. ci-contre). Elle évoque de «fortes amendes», voire la possibilité de saisie des porcs.
La Commission s’en satisfera-t-elle? Pas sûr : le non-respect de la directive pose une question de bien-être animal, mais aussi de «concurrence déloyale à l’égard des entreprises qui ont procédé aux investissements pour se mettre en conformité», relevait le député Open vld Willem-Frederik Schiltz, dans sa question à la vice-Première socialiste…