dimanche 26 novembre 2017

MERKEL.... DOMMAGE POUR ELLE, C' EST VRAIMENT TROP TARD

 

 

SOURCE ET SUITE

ILS Y ONT POURTANT TOUS CRU..

 

 

Une Allemagne ingouvernable ?

Quel que soit le résultat des tractations de ces prochains jours, il est clair que l’Allemagne restera ingouvernable, et ce même si une coalition finissait par voir le jour. De fait, elle butte sur ce que l’on pourrait appeler une « triangle d’impossibilité », terme connu des économistes, sur la question de l’austérité, la question du fédéralisme européen et celle des migrants. A cela s’ajoute le problème posé par la personnalité même de Mme Merkel. Incontestablement une redoutable manœuvrière d’un point de vue tactique, elle a cependant perdu de vue les questions stratégiques fondamentales, et elle a trop promis et pas assez tenu dans sa dernière mandature.
Elle ne survit, au sein de la CDU-CSU que parce qu’elle n’a pas de remplaçant crédible, et s’il en va ainsi c’est aussi qu’elle a tout fait pour qu’aucune figure susceptible de la remplacer n’émerge dans la CDU-CSU. Mais, elle est loin de faire l’unanimité dans sa propre alliance, et l’on peut penser que les « Sociaux-Chrétiens Bavarois » (la CSU) verrait son départ plutôt d’un bon œil. Il en va de même pour les libéraux du FDP et les populistes de l’AfD. Quant aux Sociaux-Démocrates du SPD, ils lui reprochent et son attachement à l’austérité et son opportunisme dont ils ont tant souffert. De fait, Mme Merkel ne peut compter réellement que sur une fraction de la CDU et des Grunen pour la soutenir. Cela fait peu. Encore une fois, son remplaçant potentiel aurait, à l’heure actuelle, un problème aussi difficile à régler. Mais, survivre faute de remplaçant n’est pas vivre…

Les conséquences internationales

Si l’Allemagne va donc être ingouvernable pour les mois à venir, et peut-être pour des années, les conséquences internationales doivent en être tirées. Emmanuel Macron, qui se verrait bien en successeur à l’échelle européenne de Mme Merkel est loin d’avoir fait ses preuves. Il est isolé, et sans crédibilité internationale. Son projet pour l’UE, qui est incontestablement un projet fédéral, va de plus se heurter à une fin de non recevoir de la part de l’élite politique allemande. Dès le début de l’année prochaine, il deviendra évident que les grands projets auxquels Emmanuel Macron à voulu attacher son nom ne se réaliseront pas. Même la cure d’austérité, à laquelle sa politique condamne la France, sera sans objet. Car, cette cure d’austérité a pour raison officielle la volonté de reconstruire la crédibilité européenne de la France afin que celle-ci puisse peser dans les choix européens à venir. Or, ces choix ont été largement pré-emptés par le résultat des élections allemandes de septembre dernier. Ils sont condamnés de fait par l’immobilisme dans lequel l’Allemagne, faute de ligne politique, va s’enfermer.
Or, le projet d’Emmanuel Macron n’est pas le seul en lice. Les pays de l’ancienne Europe de l’Est, Pologne, Hongrie, Slovaquie voire République Tchèque, auxquels il faut ajouter désormais l’Autriche, sont en train de constituer une « front » qui s’opposera à toute avancée de l’UE vers le fédéralisme.
Cette situation de blocage va provoquer, probablement au printemps prochain, un renouveau de la crise de l’Euro. Car, fors l’hypothèse de la mise en place d’un réel budget fédéral (avec ce qu’il implique comme transferts de la part de pays comme l’Allemagne), l’Euro ne peut pas fonctionner. Toute remontée, même faible, des taux d’intérêts condamnera sans appel des pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal.
Ce qui se joue donc en Allemagne aujourd’hui va donc bien au-delà d’une crise politique traditionnelle. C’est l’existence de l’Union européenne qui est désormais en jeu.
Jacques Sapir
25 novembre 2017

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