samedi 4 juin 2016

MASSACRE DE CHIENS EN TUNISIE... TEMOIGNAGE ET MANIFESTATION AUJOURD' HUI


"On a vu passer ton chien, les policiers ont dû le mettre dans leur camion": une telle phrase ne peut que glacer le sang du maître d'un chien en fugue en Tunisie.
Depuis quelques mois, les autorités locales ont lancé une campagne d'abattage. Censée concerner les animaux errants pour lutter contre la rage, cette chasse à balle réelle dépasse les limites, dénoncent les militants de la cause animale.
Yasmine Mbarki en tremble encore: "Je donnais à manger aux chiens de mon quartier, lorsqu'un policier est arrivé. Il m'a dit de m'éloigner d'une petite chienne de 6-7 mois pour la tuer. J'ai refusé. Il a tiré sur un autre, pas très loin." Présent ce jour-là, le bébé de Yasmine, 5 mois, éclate désormais en sanglots au moindre bruit.
 
"Ils ont jeté le corps dans le camion, il y en avait déjà une dizaine dedans", poursuit la jeune femme qui estime que les agents viennent tuer des chiens dans son quartier de Mnihla 4 à 5 fois par semaine depuis février.
Sur Facebook, les pages dédiées à la protection des animaux en Tunisie sont remplies d'images de victimes à quatre pattes. On y voit des chiots tentant de téter leur mère déjà morte, un chien agonisant ou encore un homme tirer sur un animal.Vétérinaire, Amel Ben Houidi a soigné quelques chiens blessés par balle: "C'est des cas d'amputations ou des chiens dont le corps est percé par des balles de plomb normalement faites pour chasser."

"Ce n'est pas normal d'abandonner les cadavres"

Justement, Kamel Rodana a été le président de l'association régionale des chasseurs de Bizerte. En 2009 après qu'une touriste ait été mordue, la municipalité fait appel à son association pour tuer les chiens errants.
"Nous étions accompagnés d'un policier et d'un agent de la municipalité. On nous donnait 5 dinars par cadavre." Le chasseur, qui ne participe plus à ces "battues", est choqué par la façon dont elles sont menées aujourd'hui: "Ce n'est pas normal de faire cela en journée, de tuer des chiens de race ou d'abandonner les cadavres."
Face à la levée de boucliers des défenseurs des animaux - une première manifestation a eu lieu le 29 mai, une seconde doit avoir lieu ce samedi 4 juin-, Samira Laabidi, directrice de l'environnement au sein du ministère des Affaires locales, a dû monter au créneau. A la radio nationale Mosaïque FM, elle a parlé d'un "mal nécessaire" tout en affirmant que d'autres solutions étaient discutées.
Des messages parviennent d'ailleurs déjà du monde entier. Certains se prennent en photo avec une pancarte indiquant: "On ne viendra plus en Tunisie, si vous n'arrêtez pas de tuer les chiens errants." Cyrine s'en inquiète: "Notre pays fait déjà face à de nombreux problèmes. L'opinion publique va se retourner contre nous."

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