mardi 20 octobre 2015

ABATTOIR D' ALES UNE SEMAINE PLUS TARD....

SOURCE ET SUITE

L’affaire de l’abattoir d’Alès a eu l’effet d’un électrochoc. Depuis la semaine dernière, un tsunami médiatique, provoqué par une vidéo de quelques minutes insoutenables, même pour les plus aguerris, a dévoilé au grand public une petite partie des problèmes de l’abattage en France, au moins pour quelques jours… Dysfonctionnements graves, non-respect de la réglementation, dérogations devenant des pratiques courantes, etc. Il ne manque plus qu’une alerte sanitaire, sous la forme d’une contamination dans l’un de ces établissements d’abattage, pour qu’une nouvelle crise éclate, mettant à mal une filière viande déjà bien ébranlée ces dernières années.

Abattage OABALes Français se sont réveillés en prenant conscience qu’il y a une vie avant le steak qui cuit dans leur poêle. Effectivement, l’homme est un omnivore et consomme de la viande. L’éloignement de notre société de l’environnement a pu faire oublier que nous aussi nous tuons pour manger. Mais à la différence des prédateurs sauvages, nous avons d’autres outils que de simples crocs pour mettre à mort nos victimes ; des outils pour lui éviter une souffrance inutile et injustifiable. Encore faudrait-il avoir la volonté politique, économique et administrative d’élever l’homme au-dessus des autres mammifères carnivores.
Car, depuis la mise en ligne de cette vidéo édifiante, nous assistons à une véritable mascarade, orchestrée par l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev) et le ministère de l’Agriculture. Interbev a bien compris qu’il était impossible de défendre l’abattoir mis en cause, la vidéo montrant trop de défaillances, bien au-delà des notions de maltraitance. Plusieurs des actes filmés peuvent avoir des conséquences sanitaires. Alors, tant pis, l’organisation a décidé de sacrifier Alès pour protéger ce qui peut l’être encore dans les autres établissements. D’ailleurs, Frédéric Freund, directeur de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA), a affirmé sur les ondes que seuls 5 % des abattoirs français respectent l’ensemble de la réglementation liée à l’abattage. C’est peu, mais pas une surprise. En effet, la France est dans le viseur de l’Union européenne pour non-respect dans ce domaine. Mais cela fait des années qu’elle fait la sourde oreille.

No strategy, no futur !

Il ne s’agit pas de pointer du doigt Stéphane Le Foll ; tous les ministres de l’Agriculture ont mené la même politique concernant l’abattage, celle de l’autruche. Pour des raisons purement mercantiles, le ministère de l’Agriculture et son armée de fonctionnaires prônent l’omerta au nom de la lutte contre le chômage. Car les établissements d’abattage vivent également une crise, celle de l’élevage tout simplement. L’absence de stratégie politique et les rafistolages que représentent les aides sporadiques qui permettent d’étouffer toute rébellion des éleveurs, jusqu’à la prochaine, n’aident pas à reconstruire une filière et à lui assurer un futur.
En outre les incohérences sont nombreuses. Pourquoi, par exemple, persister dans les exportations d’animaux vivants ? Et si la France faisait de l’exportation de carcasses une spécialité ? Au-delà des gains de production pour les abattoirs, c’est l’ensemble de la chaîne de valeurs de l’élevage qui serait reconstitué. S’est-on déjà penché sur les modèles économiques envisageables dans cette hypothèse ? Apparemment pas.
Certes, les abattoirs ne vont pas mieux que le reste de la filière, alors à défaut d’aides financières immédiates, l’État ferme les yeux sur nombre de dérives qui leur permettent de réduire les temps d’abattage et ainsi d’augmenter les rendements, à moindre coût. Quitte à courir des risques médiatiques ou sanitaires.
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  • Le cas Sylvie Goy-Chavent : difficile de la classer parmi les sénateurs proches des végétariens ! Cette fille d’agriculteur est devenue l’un des spécialistes de la filière au Sénat, depuis son rapport sur la traçabilité de la viande en 2012. Il sera intéressant de voir comment la classe politique va tenter, dès lundi, de bloquer sa demande de commission d’enquête sur les abattoirs au Sénat. À l’heure où nous publions cet article, seuls onze sénateurs sont engagés dans cette démarche de transparence. Cela est révélateur du malaise général dès qu’il s’agit de regarder de plus près les politiques agricoles françaises. Il est vrai que tous les groupes politiques du Sénat ont un jour ou l’autre tenu ce portefeuille ministériel.


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