samedi 4 juillet 2015

LIRE: VOIR SON STEAK COMME UN ANIMAL MORT DE MARTIN GIBERT


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La “dissonance cognitive” est un terme qui revient beaucoup dans le livre. Pouvez-vous l’expliquer ?
C’est ce qui est en jeu dans ce qu’on appelle le paradoxe de la viande : d’un côté, les gens ont une empathie naturelle pour les animaux ; de l’autre, ils aiment le goût de leur steak. Ils doivent donc résoudre une “dissonance cognitive”, et ont alors le choix entre plusieurs stratégies. On peut changer son comportement (j’arrête de manger du steak), diminuer la croyance selon laquelle il y a une souffrance animale (les animaux ne souffrent pas vraiment), ou dévaloriser les personnes qui ont fait le choix de changer leur comportement (les végétariens sont sectaires, radicaux, excessivement sensibles…).
Vous partez du principe que la “bataille des arguments” pour la protection animale serait déjà gagnée. N’est-ce pas un peu exagéré ?
Pas au sens de l’état des recherches académiques, non. Les arguments pour le véganisme étaient déjà présents il y a quarante ans dans La Libération animale de Peter Singer (philosophe australien, un des principaux théoriciens modernes des droits animaux – ndlr). Ce n’est plus très intéressant d’un point de vue philosophique. Les gens qui travaillent aujourd’hui en éthique animale s’intéressent plutôt aux questions liées à l’écoféminisme (y a-t-il une logique commune à la domination des femmes par les hommes et à celle des animaux par les humains ?) ou à l’affinement de la réflexion sur les droits animaux. Mais les droits fondamentaux des animaux (rester en vie, ne pas être maltraité…) ne sont plus en question. Même les philosophes qui continuent à manger de la viande le reconnaissent....
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.....Ce qui reste, ce sont des habitudes, des traditions, de la gourmandise, et surtout une idéologie invisible, le “carnisme”, qui conditionne les gens à trouver normal, naturel et nécessaire de consommer les produits animaux. Et cette idéologie est soutenue par une série de mécanismes de propagande, à l’école notamment.

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