lundi 12 mai 2014

NE PAS OUBLIER LA MANIFESTATION DU 17 POUR LES CHIENS DE ROUMANIE

SOURCE ET SUITE


En Roumanie, depuis que Nicolae Ceausescu a fait raser les pavillons avec jardin pour entasser la population dans des appartements interdits aux chiens, les canidés se sont retrouvés dans la rue.
Nourris au bas des immeubles par leurs anciens maîtres, les chiens communautaires "adoptés" par tout un quartier se sont reproduits en très grand nombre. Inévitablement, des meutes se sont formées.

Les autorités ont alors choisi de mettre en place un dispositif expéditif, cruel et inefficace de capture et d’extermination des chiens. Des milliers ont été tués, mais les survivants ont eu des petits, d’autres chiens non stérilisés ont été abandonnés... Le problème est resté entier.
50.000 chiens dans les rues de Bucarest

On estime aujourd'hui qu’à Bucarest pour 1,7 million d’habitants, il y a 50.000 chiens divagants dont l’abattage est régulièrement réactivé à chaque accident grave. En septembre dernier, deux jeunes enfants de 4 et 6 ans ont été attaqués par un groupe de chiens. Malheureusement, le plus jeune n’y a pas survécu.

À l’évocation d’un tel drame, l’émotion est forte mais la solution prise n’a pas été la plus pertinente. Dans la précipitation (seulement une semaine après l’événement), le Parlement a voté l’euthanasie des chiens des rues par 266 voix pour, 23 contre et 20 abstentions, malgré les manifestations des roumains opposés à cette politique.

Les équipes de capture ont donc augmenté leurs effectifs pour envoyer les chiens dans des fourrières où 14 jours après leur arrivée, les animaux qui ne sont pas réclamés sont euthanasiés, comme le prévoit le dispositif voté.

Un trafic cruel autour de la capture des chiens

En pratique, cette loi du 10 septembre 2013, entrée en vigueur en février 2014, a encouragé les trafics autour de la capture et de l’euthanasie des chiens. Aujourd'hui, les rafles ne se limitent pas aux chiens sans maître. Elles se poursuivent jusque dans les refuges et sur des terrains privés. Récemment, une jeune femme a dû s'interposer pour sauver un chien vacciné et castré dont elle s'occupait. 

Le 21 mars dernier, l’ONG Four Paws a porté plainte contre la mal nommée "Autorité pour la Surveillance et la Protection des Animaux" (ASPA), qui chasse les canidés pour la mairie de Bucarest, suite au vol avec effraction de 18 chiens en cours de soin dans sa clinique vétérinaire. Elle reproche également à l’ASPA ses méthodes brutales et son matériel inadapté, qui meurtrissent la plupart des animaux.

Blessés lors des captures ou ne supportant pas les 14 heures passées en camion, certains succombent avant d’être livrés aux fourrières, où leurs congénères pullulent dans des cages surpeuplées, et où on y laisse mourir de faim ou de maladie par cupidité.

Des euthanasies violentes ou illégales

Pour les rescapés de ces mouroirs, ce sont électrocutions, empoisonnements, crânes fracassés et asphyxies qui forment la majorité des exécutions.

A Botosani, par exemple, un vétérinaire a éliminé 230 chiens en 2 heures. Sachant que les injections requièrent 10 minutes, ça n’est certainement pas la méthode qu’il a employée. La délicate piqûre pour endormir les chiens – à laquelle le mot euthanasie fait penser – serait plutôt du domaine du rêve dans cet enfer indigne du meilleur ami de l'homme.

Parfois, comme à Constanta, c'est le délai légal, de 14 jours, qu'on ne respecte pas. L’abattage a lieu dès l’arrivée du chien pour permettre de toucher la prime de capture sans avoir à héberger l’animal. Tandis que dans les rues de la ville, des chiots sont importés pour entretenir la filière.

Un bien triste tableau pour ce pays membre de l’Union européenne qui n’a pourtant pas manqué de soutien pour stériliser et traiter ses chiens.

Les ONG n’abandonnent pas les chiens roumains

La Fondation de Brigitte Bardot est présente en Roumanie depuis 1998 pour tenter de mettre en place une vaste campagne de stérilisation. Elle y a fondé son premier bureau international et a créé en 2001 une clinique mobile pour venir en aide aux vétérinaires locaux.

La même année, après d’âpres négociations, elle était parvenue à faire signer un partenariat à Traian Basescu alors maire de Bucarest.

Long à signer, ce partenariat fut vite dénoncé. Peu après le début de la campagne,Traian Basescu a donné l’ordre de "nettoyer" les rues de la capitale roumaine. 145.000 chiens errants en firent les frais de 2001 et fin 2007.

Selon la Fondation Brigitte Bardot, ce sont les animaux identifiés et stérilisés qui ont été attrapés en premier. Le collier, censé les protéger, s'est retourné contre eux en facilitant leur capture.

Les chiens n’ont toutefois pas été abandonnés à leur triste sort. Les aides se sont poursuivies partout en Roumanie. Rien que depuis 2006, la Fondation estime avoir dépensé 2 millions d’euros pour cette cause.

Des aides venues de l’UE

Et ce n’est pas tout. En 2011, la Roumanie a également bénéficié de fonds européens destinés à vacciner contre la rage 3,42 millions de chiens errants.

S’ils ne font pas partie des quelques chanceux qui seront recueillis dans le refuge financé par Mickey Rourke dans le sud de Bucarest, ces millions de chiens vaccinés aux frais de l’UE ont toutes les chances de finir traqués et massacrés.

Pour leur éviter la mort, certains défenseurs des animaux pensent qu’il n’y a qu’une seule véritable issue : les faire adopter à l’extérieur de la Roumanie. Mais ce n’est pas toujours chose facile.
On vient d’ailleurs d’apprendre que faute d’un document des autorités roumaines, 10 chiens vaccinés seraient sur le point d’être renvoyés en Roumanie pour être euthanasiés.

La Roumanie doit changer de politique

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