vendredi 14 mars 2014

HONTEUX!!! 62 768 239 047 ANIMAUX TUES PAR AN POUR VOTRE PLAISIR GUSTATIF!!!

SOURCE

 BRILLANT ARTICLE!!!
MAIS CELA DONNE LE SPLEEN!!!

Dans mon billet « Statistiques astronomiques », j’avais détaillé le nombre d’animaux tués à chaque année pour la consommation alimentaire, soit 56 milliards. Non seulement ce chiffre augmente d’année en année, mais il ne représente même pas le nombre total de tous les animaux tués par les humains: il ne s’agit que des animaux tués pour la production de viandes, produits laitiers et oeufs (et encore, il en exclut beaucoup). Dans ce même billet, j’avais aussi avancé qu’à chaque année, on tue plus d’animaux pour la consommation alimentaire que d’êtres humains sont morts pendant toutes les guerres de l’histoire de l’humanité. Même si je n’avais pas sous la main les statistiques pour appuyer mes dires, je trouvais cela assez évident étant donné qu’il est estimé qu’à travers les âges, il a existé, de manière cumulative, environ 106,46 milliards d’Homo sapiens modernes, soit depuis 50 000 ans avant J.-C. (Voir aussi l’évolution de la population humaine sur Wikipédia.)
Par hasard, je suis récemment tombé sur les statistiques évaluant le nombre de morts durant les guerres des derniers siècles. En effet, l’Organisation mondiale de la santé a produit en 2002 le Rapport mondial sur la violence et la santé qui, tout en décrivant les multiples facteurs de violences dans notre monde contemporain, fournit au passage les estimations historiques suivantes de morts humaines dans les guerres (p. 242)1:
  • 16e siècle: 1,6 million
  • 17e siècle: 6,1 millions
  • 18e siècle: 7 millions
  • 19e siècle: 19,4 millions
  • 20e siècle: 109,7 millions
Le rapport souligne également que l’on estime à 191 millions le nombre de victimes indirectes durant les 25 plus grands cas de violences collectives du 20e siècle. Bref, si on arrondit à la hausse en spéculant sur les siècles dont nous ne possédons pas les statistiques, nous pouvons supposer qu’il y a eu environ 400 millions de victimes humaines durant toutes les guerres de l’histoire de l’humanité.2 Quatre cent millions, dont le quart au cours du dernier siècle. Ce chiffre me parait terriblement douloureux et impossible à être représenté. Or, qu’en est-il de l’exploitation animale?

J’avais écrit la dernière fois le chiffre de 56 milliards par année à travers le monde. Cependant, il s’avère que je ne m’étais pas mis à jour sur les statistiques concernant l’exploitation animale et que celles-ci continuent de monter en flèche. Je suis donc allé vérifier du côté de la Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO) qui publie ces statistiques sur son site interactif pour enfants (!?). Alors que le chiffre que j’employais régulièrement datait de 2007, les données les plus complètes datent de 2010 et avancent le nombre de 62 768 239 047 d’animaux terrestres et d’oiseaux pour cette seule année, soit en ordre décroissant:
  • poulets: 55 947 186 300 (élevé à 57 439 150 200 en 2011)
  • canards: 2 874 747 800
  • cochons: 1 379 893 614
  • oies: 645 282 000
  • dindes: 645 265 000
  • moutons: 513 854 518
  • chèvres: 424 732 904
  • bétail (boeufs et vaches): 303 637 369
  • buffles: 24 102 772
  • chevaux: 4 605 015
  • ânes: 2 487 400
  • chameaux: 1 882 755
  • mules: 561 600
(Comme je l’ai expliqué dans mon autre billet, cela n’inclut pas de nombreuses autres statistiques, comme les poissons qui s’élèvent entre 1 et 2,7 trillions. Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me donne un sacré vertige.)
Donc, non seulement à chaque année on tue plus d’animaux que dans toutes les guerres de l’histoire de l’humanité, mais on peut aussi dire que l’on tue 150 fois plus d’animaux par année que durant toutes les guerres depuis le début de l’humanité. Je le répète, ce coefficient se répète année après année, en augmentant tranquillement. En d’autres mots, imaginez toutes les guerres dont on vous a parlé durant vos cours d’Histoire, combinées en une seule année, multipliées par un facteur de 150: et vous avez la routine annuelle de l’exploitation animale. Et je présume que l’on peut prendre n’importe quelle autre forme de violence humaine,3 la violence annuelle commise volontairement envers les animaux la surpasse quantitativement, et de très loin. Comment peut-on ne pas prendre au sérieux ce problème?
Prenons une autre perspective. Considérant que cela fait quatre ans et demi que je suis végane, cela signifie que, depuis que je suis conscient de ce problème, plus de 282,45 milliards d’animaux ont été tués pour usage alimentaire… autrement dit, plus de 706 fois le nombre d’humains tués durant toutes les guerres de l’histoire de l’humanité, en seulement quatre ans et demi.
Et encore une autre perspective: combien faut-il de temps pour égaler, en animaux tués, le nombre de victimes humaines durant les guerres? Il faut seulement 2,4 jours. En deux jours et demi, nous tuons plus d’animaux que d’humains ont été tués dans toutes les guerres de l’histoire de l’humanité.*

Pourquoi s’inquiéter de la mort des animaux?

Même si de tels chiffres paraissent impressionnants, voire impossibles à concevoir, certaines personnes continueront quand même de penser qu’il existe une différence radicale et incommensurable entre ces morts humaines et ces morts animales, de sorte que mon analogie est fortement déplacée et que l’on ne peut rien en déduire. Mon but ici n’est pas de comparer et encore moins de minimiser le drame des morts durant les guerres — au contraire, c’est bien parce que je prends ça très au sérieux que j’en parle. Mon objectif est plutôt de soulever que, si nous avons raison d’être traumatisés par le nombre de morts humaines dans ces conflits violents et la plus grande partie du temps injustes, pourquoi restons-nous indifférents aux chiffres excessivement plus élevés du nombre de victimes animales? Et aussi, comment un pacifiste peut-il ne pas se soucier de toutes ces morts inutiles?
On peut donc estimer que tuer un être humain est infiniment plus grave que tuer un animal. Soit. En revanche, ce principe est loin de régler le problème, car il faut tenter de justifier le fait même de tuer un animal, en tant que tel. Il faudrait, d’abord, expliquer que cela est nécessaire — pourtant, de nos jours et en particulier en Occident, la consommation de produits animaux n’est aucunement nécessaire au maintien d’une bonne santé. Il faudrait ensuite soutenir pourquoi la mort (même indolore) ne constitue pas un tort pour ces animaux; j’ai rapporté dans ce billet quatre arguments pouvant soutenir une telle thèse, et j’ai expliqué pourquoi à chaque fois ces arguments ne réussissaient pas à établir leur point. Enfin, il faudrait aussi, au minimum, prendre conscience des conditions d’élevage, car il ne s’agit pas que de morts brutes mais bien d’individus subissant des souffrances inimaginables le plus clair de leur vie. Et évidemment, il faut se pencher sur cette question, au moins un minimum, si nous sommes nous-mêmes consommateur de produits animaux.
Mais vous savez quoi?


Ce ne sont pas ces chiffres qui représentent le plus grand drame. Le plus triste est que derrière chaque unité se cache un individu, avec une vie irremplaçable, unique. Il s’agit d’une vie innocente, qui ne nous a jamais voulu du mal. Chaque vie compte, de la même manière que notre propre vie compte. Nous tuer serait irréversible et constituerait un tort irréparable pour nous. Pour les animaux, c’est sensiblement la même chose: du point de vue de chacun de ces individus, leur vie leur apportait (ou pouvait leur apporter) de belles opportunités. Nous le leur avons refusé ces opportunités en les tuant. Heureusement, nous pouvons faire autrement. Si nous estimons qu’il y a une raison morale à ne pas tuer d’animaux sans nécessité (par exemple, ne pas tuer un chien en santé, ou ne pas rouler sur des marmottes sur la route), alors il est temps de cesser de contribuer à ces statistiques vertigineuses. Pensons à ces individus. Pensons à un seul individu. S’il était devant nous, nous verrions qu’il ne mérite pas la mort. Nous avons le pouvoir de l’épargner et de le laisser vivre.
HoeDown2010_JoMcArthur-3268
Photo par Jo-Anne McArthur.

Aucun commentaire: