La Cour constitutionnelle de Roumanie a rejeté mercredi les objections formulées par 30 élus contre une loi autorisant l'euthanasie des chiens errants, ouvrant la voie à sa promulgation, malgré les critiques des défenseurs des animaux.
 
La mort d'un enfant comme point de départ
Cette loi votée par le parlement a été proposée suite à un drame survenu début septembre. Un garçon de quatre ans est décédé après avoir été mordu par des chiens errants à Bucarest, une ville qui en compte des dizaines de milliers. Mais rapidement, l’indignation s’est emparée d’une partie de la population. Un groupe de 30 sénateurs a donc soumis une requête à la Cour Constitutionnelle, arguant que le texte voté par la Chambre était trop éloigné du texte d’origine voté par le Sénat au préalable. La Cour a donc pris le parti des députés.

Un "crime" que le président devrait légaliser
Environ 150 personnes, rassemblées pendant plusieurs heures devant le siège de la Cour, ont aussitôt dénoncé un "crime". "Les juges de la Cour sont des criminels !" et "Démission !", ont scandé les contestataires avant de bloquer un boulevard de Bucarest. Pour ces anti-euthanasies, il reste un espoir: le texte doit encore être signé par le président roumain pour avoir force de loi. Ils espèrent donc que le président Traian Băsescu contre le choix des députés. Mais il est de notoriété publique qu’il est en faveur de l'abattage des chiens errants. "Ce tyran ne pense qu’à tuer et je condamne sa politique dictatoriale, indigne d’un Etat membre de l’Union Européenne. Nous n’avons pas le droit moral de laisser ce génocide animalier se perpétrer sous nos yeux, on se croirait revenu sous Ceausescu", avait estimé Brigitte Bardot suite à la décision du parlement de faire passer cette loi. Le juge de la Cour Constitutionnelle Petre Lazaroiu, qui l'a déclarée constitutionnelle, a d’ailleurs estimé qu’une extermination de masse des chiens errants pourrait traumatiser la population roumaine.

Un fléau pour certains et pas pour d'autres
La présence d'environ 65.000 ou 40.000 chiens errants (selon les sources) à Bucarest, une ville d'1,7 million d'habitants, est un sujet de polémique récurrent en Roumanie. Une partie des Roumains, très attachés à ces quadrupèdes, et les associations de défense des animaux prônent la stérilisation et l'adoption pour réduire le problème. Une autre partie de la population ainsi que certains partis politiques défendent en revanche l'euthanasie. Au moins une personne est hospitalisée chaque jour en Roumanie des suites d’une attaque de chien errant. En 2011 déjà, la Cour européenne des Droits de l’Homme avait condamné la Roumanie pour l’insuffisance des mesures prises pour traiter le problème des chiens errants.

L'origine du problème
Le début du phénomène des chiens errants en Roumanie remonte aux années 1980, en raison des démolitions ordonnées par l'ex-dictateur Nicolae Ceausescu. Des quartiers entiers de maisons avec cour disparurent, remplacés par des barres d'immeubles où les chiens ne trouvèrent plus leur place. Les familles, incapables de les accueillir dans les petits appartements, ont donc relâché leurs compagnons à quatre pattes dans les villes, où ils ont proliféré depuis au point de devenir un danger pour les humains.
L’an dernier, les autorités ont retiré environ 3500 chiens des rues de Bucarest pour les stériliser. 2000 ont retrouvé la liberté, 1400 ont été adoptés et 46 ont été euthanasiés.

Torturés ou euthanasiés proprement?
Ci-dessous, l'intervention de Michel Drucker dans son émission dominicale qui appelle les Français à se mobiliser et à soutenir l'action de Brigitte Bardot. Il y parle de torture des animaux, alors que l'euthanasie des chiens doit, normalement, se dérouler via une simple piqûre, permettant à l'animal de mourir sans souffrance...