vendredi 12 juillet 2013

ELEVAGE INTENSIF ET CANCER

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L'affiche, déjà, annonçait la couleur : « Élevage intensif et cancer ». Vendredi soir, à la salle polyvalente de Drucat, l'association Novissen accueillait une conférence du professeur Dominique Belpomme, cancérologue, spécialiste des effets de l'environnement sur la santé humaine.

Dans une salle bondée, le médecin s'est exprimé longuement sur les effets de la dégradation de notre environnement sur notre santé : « Le tabagisme, l'alcool ou la malbouffe sont de réels facteurs mais ils n'expliquent pas tout. La pollution a son rôle là-dedans. » En cause, selon lui, les pesticides et la concentration animale. Et de citer l'exemple des poulets qui, regroupés, développent du stress, donc un déficit immunitaire favorisant la mutation de virus, parfois transmissibles à l'homme. Il s'est ainsi référé aux pandémies de grippes H1N1 et aviaire.

Au nom du principe de précaution
 

Pour ce qui est des bovins, « on n'a pas d'études », a reconnu le professeur Belpomme, interrogé sur d'éventuels effets directs de l'élevage intensif sur la santé de l'homme. « C'est d'ailleurs pour cela que doit s'appliquer le principe de précaution », a repris Michel Kfoury, président de Novissen. « En Picardie, l'utilisation de pesticides a atteint des records par le passé. La rémission d'une nappe polluée prend des siècles. Si votre eau est polluée et que les vaches en boivent, elles donneront du lait pollué . »
Tandis que le professeur Belpomme continuait son propos sur la multiplication en cours ou à venir des cas de cancer, d'autisme, d'obésité, d'hypertension ou de diabète de type 2, certains spectateurs bouillaient.



Une poignée d'agriculteurs, membres de la FDSEA, des Jeunes agriculteurs ou simplement du métier, avait fait le déplacement. « Pour écouter avant tout », a expliqué Daniel Roguet, le président de la Chambre d'agriculture. Certains éleveurs n'ont pas fait preuve d'autant de retenue que M. Roguet et ont voulu dire leur malaise : « Aujourd'hui, il faudrait créer une ferme des Mille vaches chaque année dans la Somme pour compenser la disparition des élevages », a expliqué un éleveur d'Arry, propriétaire de 60 bêtes. « On ne fait pas la promotion de M.Ramery (ndlr : principal investisseur de la ferme des Mille vaches) mais on ne peut pas être contre. On va tous devoir augmenter la taille de nos élevages ou arrêter », a prévenu un autre.



 « Mais le projet Ramery, il vous tue », a rétorqué le président de Novissen, invitant les éleveurs présents à rejoindre son combat. « Désolé mais quand je lis "Élevage intensif et cancer", je me sens visé et blessé (...) Qu'est-ce que vous proposez comme alternative ? », a interrogé l'un d'entre eux.

A suivi une partie de ping-pong sur l'agriculture d'hier, d'aujourd'hui et celle de demain. Les éleveurs ont-ils changé d'avis ? Non. « Avec des messages pareils, ils font du mal à la profession et ils font peur aux gens inutilement », a commenté l'un d'eux. L'assistance a-t-elle compris leur message ? Sans doute. À défaut de pouvoir s'entendre, les deux parties ont eu l'occasion, trop rare, de s'écouter.

THOMAS DIÉVART

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